Ce projet a été réalisé dans le cadre d’une enquête de terrain de l’espace Django, un lieu multiculturel et musical, ancré dans son quartier du Neuhof à Strasbourg où cohabitent des publics variés. Notre mission était de concevoir un dispositif de récolte de paroles autour d’un concert à Django afin de contribuer à une mémoire collective du concert et à une réflexion sur la place de la musique pour ces spectateurices.
Lors de la réalisation, nous avons été portés par de nombreuses questions : Comment recueillir et comprendre ce que les gens vivent et ressentent dans ces moments ? Et comment ces paroles, ces impressions, peuvent-elles nourrir la réflexion du lieu sur son rôle culturel et social ? Mais surtout, comment récolter un vécu et garder une mémoire collective d’un concert ?
Une fois notre problématique central posé, il était important de garder en tête le cahier des charges et ses spécificités :
Cet outil doit permettre de récolter des données à la fois quantitatives et qualitatives. En effet c’est une méthode spécifique au design social qui aborde deux approches complémentaires qui de tente de mieux comprendre et résoudre des problèmes sociaux. Les données quantitatives offrent un aperçu global à l’aide de donnés brut, tandis que les données qualitatives peuvent expliquer le “pourquoi” et vont plus en profondeur (aspect émotionnel, vécu…)
Le dispositif doit être transportable, montable/démontable facilement et doit pouvoir se ranger dans un tote-bag ou sac de course. l’outil doit pouvoir être manipulé ou activé par le public. Le temps de la récolte sur place doit être court. Intervention & médiation avec l’outil mais outil qui peut être autonome.
L’OUTIL DE RÉCOLTE À ÉTÉ UTILISÉ À DEUX REPRISES:
1. LA PREMIÈRE VERSION
On a voulu permettre aux spectateurs d’exprimer leurs émotions à la sortie du concert. Nous avons donc mis en place deux dispositifs dont l’objectif était d’avoir une vue d’ensemble sur les sensations ressenties au long du concert.
Notre première idée de dispositif c’était de faire un mini logiciel sur lequel les gens pouvait choisir une couleur en fonction de leurs émotions et la placer sur une frise chronologique, un peu à la manière d’un logiciel de dessin.
Notre seconde idée était en fait une version tangible de la première, une grande surface de dessin posée sur un chevalet avec des tampons à disposition. Les spectateurs étaient invités à tamponner dans les zones colorées qui correspondaient à leurs sentiments.
Après une semaine de fabrication on est allé à l’espace Django pour tester nos dispositifs directement pendant un concert.
On s’est très vite rendu compte que plusieurs points nous avaient échappés :
Le choix des émotions était complètement impertinent. Qui à la sortie d’un concert est en “colère” ? Les personnes consultés répondaient systématiquement “joie” sans plus de nuance.
Le petit logiciel quant à lui manquait cruellement d’affordance, les personnes avaient du mal à inter-réagir avec lui, par exemple certaines personnes âgées n’étaient pas à l’aise avec la souris. Mais surtout le mini logiciel présentait une multitude de possibilités et mettait les enquêtés dans l’embarras, incapables de faire des choix.
Le dispositif de dessin quant à lui était trop encombrant.

2. LA SECONDE VERSION
Ces constats ont été très enrichissant et nous ont permis de rebondir et de vraiment améliorer nos dispositifs de consultation. Après 2 semaines de fabrication le projet était totalement remanié.
Nous avons tout d’abord identifié de nouvelles émotions plus pertinentes dans le cadre d’un concert.
Une personne chargée de la direction artistique a réussi à harmoniser les 2 dispositifs.
Le petit logiciel a totalement changé de principe, pour restreindre les possibilités de choix et mieux accompagner les usagers. Son interface se rapproche de celle d’un jeu d’arcade. Cet aspect est renforcé par la présence de boutons pour inter-réagir avec le logiciel sans passer par l’intermédiaire du clavier.
Le dispositif de dessin, est plus facile à mettre en place, il suffit de déployer une bâche et de tamponner dessus.
Ces améliorations ont pu être validées lors d’une seconde phase de consultation pendant un concert. Sur un concert avec 60 personnes le mini logiciel à pu récolter les témoignages d’une trentaine de personnes, et le dispositif de dessin une vingtaine !
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Pour conclure, notre V2 s’est très bien passée ! Nous avons eu de très bons retours ;
En effet, l’atelier avec les tampons à attiré beaucoup de monde, la présentation a bien fonctionné même sans médiateur car il était assez instinctif.
Quant au logiciel, celui-ci aussi à très bien fonctionné !! Nous avons eu 30 réponses sur les 60 personnes présentes, c’est 50% de paroles récoltées. Cependant, nous aurions peut être pu mieux expliciter son protocole, car ce dispositif nécessitait de la médiation pour être mieux compris.
Le concert reste une expérience vivante, partagée, physique, un moment où se rencontrent corps, sons, émotions, et ce fut un plaisir de réaliser ce projet et de faire la médiation de celui-ci avec les participants.
Nous remercions encore une fois l’équipe de Django pour le temps qu’ils nous ont concacrés.
Célia Guilhem, Ismaël Paillard, Sarah Cosenza, Diane Covin —
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