EAU-SECOURS

Ce projet a été réalisé par Eline, Elsa, Luiza, Camille et Timothé, des élèves de DN MADe Innovation Sociale 1ère année.

Pour ce nouveau projet, nous étions en partenariat avec l’association Alter Alsace Energies. Cette association, créée en 1980, vise à instaurer une consommation rationnelle des énergies tout en collaborant avec des institutions locales. Dans ses démarches de sensibilisation, Alter Alsace Energies propose plusieurs outils pédagogiques permettant de sensibiliser un large public sur sa consommation d’électricité, d’eau et de chauffage. Malheureusement, l’association peinait à cibler le public étudiant. La demande était alors de réaliser un outil de sensibilisation à la consommation d’eau pour ce public cible. 

Le 25 février 2025, nous avons rencontré la coordinatrice du pôle pédagogique afin d’observer, de tester et d’analyser les outils déjà mis en place par l’association. Après avoir échangé autour de cette expérience, nous avons relevé que certains outils manquaient d’attractivité et de clarté. Les fiches explicatives étaient surchargées d’informations. D’autres outils étaient dégradés. Enfin, certaines méthodes pédagogiques, propre à un public enfin, pouvaient nous semble-t-il être infantilisantes pour un public étudiant. 

Découverte des ateliers mis en place par l’association

Cette analyse des outils existants de l’association nous a permis de définir un cahier des charges précis pour notre futur dispositif. Alter Alsace Énergies souhaitait concevoir un outil capable de sensibiliser les étudiants à leur consommation quotidienne d’eau, en proposant une approche à la fois pertinente sur le fond, attractive visuellement et accessible dans sa forme. Le dispositif devait être transportable, modulable pour s’adapter à différents lieux d’intervention, tout en présentant une esthétique soignée. Enfin, il devait être entièrement fonctionnel et réutilisable à long terme, afin d’intégrer durablement les actions pédagogiques de l’association.

À partir de ces attentes, nous avons formulé la problématique suivante :
Comment transformer un message de sensibilisation à la consommation d’eau en une expérience claire, engageante et mémorable, spécifiquement conçue pour un public étudiant, tout en restant fidèle aux valeurs pédagogiques de l’association ?

Face à cette réflexion, notre parti-pris a été de centrer le dispositif sur l’interaction, la mise en situation concrète et la valorisation graphique du message. Nous avons opté pour une approche immersive et modulable, à la fois ludique et informée, plus en phase avec les codes et les attentes du public ciblé — sans pour autant altérer le fond du discours porté par l’association.

La phase de brainstorming, étape très importante dans l’élaboration d’un projet, nous a permis de faire le tri dans les idées des uns et des autres, et de préciser notre angle d’approche. Similitude, répétition, exagération, infaisabilité, temps de préparation, tant de critères et de contraintes qui nous ont amené à ne garder que 6 des mille et unes propositions de départ.

Après avoir fait les maquettes de nos principaux piliers, nous avons proposé aux autres étudiants de participer au perfectionnement de nos idées en les testant avec eux. Les retours se sont montrés justes : nous visions trop haut par rapport au temps et au matériel fourni, et risquions de fatiguer l’usager (répétition) et que celui-ci se sente jugé (jugement moral). Nous nous sommes donc concentrés sur les activités qui, selon le retour des utilisatrices et utilisateurs, parleraient le plus aux étudiants, et dont la trame principale était l’information par le ludique, au contraire d’autres idées basées uniquement sur la comparaison.  

Nous avons lancé la conception de notre atelier milieu mars. Nous nous sommes répartis les tâches afin que chacun d’entre nous développe un axe du projet : l’aspect esthétique, technique, les informations chiffrées/ les données, l’univers graphique de l’atelier et le rétro-planning. Avec cette organisation, nous avons pu avancer méthodiquement tout en étant efficaces dans nos tests. 

Photo rétro-planning / carnet de Luiza 

Univers de l’atelier

Notre mot clé est « l’eau » : il nous semblait évident que la palette de couleurs comprenne des nuances de bleu, contrastées avec d’autres teintes plus brunes, qui nous permettrons ensuite d’utiliser le bois dans sa couleur d’origine. Faire un atelier pour étudiants excluait les formes et les personnages trop enfantins comme la goutte d’eau ronde, le parapluie, le nuage… mais pas les formes organiques des vagues, ni le caractère abstrait et hasardeux de l’eau. C’est pourquoi les courbes, les lignes fines, ou les reflets blancs par exemple nous ont particulièrement inspirés.

Quelques exemple du mood-board créé pour s’inspirer

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1er atelier

Notre 1ère activité consistait à faire évaluer au visiteur sa consommation d’eau quotidienne en construisant une tour, dont la hauteur rend compte de l’excès ou de la raisonnabilité. Pour cela, nous avons fait de nombreux calculs afin que chaque pièce constituant la tour soit proportionnelle (en hauteur) à sa valeur donnée en litre. Exemple : une consommation d’eau de 50 L revient sur notre échelle à un bloc de 20 cm de hauteur. Ainsi, si le consommateur ajoute 3 bloc de 20 cm à sa tour, celle-ci symbolisera 150 L. La difficulté était de trouver une échelle qui soit physiquement tenable, car les pièces ne devaient ni excéder une certaine hauteur pour des raisons de transport, ni être trop petites pour des raisons de fragilité et de visibilité. Il nous fallait également trouver une matière première solide, facilement « customisable », mais aussi légère. La question de la stabilité se posait également, allions-nous simplement empiler les blocs ? Y aurait-il un support

Après de nombreuses idées, passant par la jauges avec ces jetons, le bac avec les glaçons, nous nous sommes arrêtés sur une structure principalement en bois, comprenant un socle avec un tassot sur lesquels viendraient s’empaler des bloc de bois à la forme organiques catégorisés par leur hauteur et leur couleur ( plus le bloc est haut et le bleu est foncé, plus l’équivalent en litre est élevé, et inversement). La consommation de chacun est l’addition de la consommation dans des usages précis : le visiteur peut se référer à un tableau de données afin de savoir combien de litres d’eau il utilise en prenant sa douche (par exemple, une douche de 10 min revient à utiliser (x)L = le visiteur rajoute le bloc de (x)L à sa tour).  

 

1er atelier : ma consommation d’eau quotidienne

Nous avons ajouté, en supplément, un indicateur permettant de se référer aux moyennes mondiales. Il suffit de disposer l’indicateur debout contre sa tour et évaluer sa position en se comparant aux consommations des continents du monde, symbolisées là encore par un code couleur (marque bleue: Occitanie, marque rouge: Amérique du Nord…)

Indicateur placé à côté : ici, la consommation est inférieure à celle quotidienne d’un habitant moyen d’Occitanie, mais plus élevée que celle d’un consommateur moyen d’Amérique du Sud

Le but de cet atelier était de rendre compte à chacun de sa consommation quotidienne, sans qu’aucun jugement ne soit effectué (nulle part nous n’indiquons une limite maximale qui symboliserait une mauvaise consommation). 

2ème atelier

Notre 2ème atelier visait essentiellement à éclairer sur l’usage de l’eau quotidien consommant le plus, à savoir la machine à laver, mais également à récupérer des informations sous forme de sondage, utilisables ensuite par l’association. En effet, l’outil permettrait de récolter les positions globales d’une population, d’un groupe ou d’une classe d’âge sur la question suivante : combien de fois portez-vous les vêtements avant de les laver ? 

Nous nous sommes renseignés sur le lavage excessif des vêtements et ce qu’une diminution des machines reviendrait à économiser. C’est une tâche rapidement exécutable et accessible à tous car elle tient de l’habitude, c’est pourquoi nous nous sommes concentrés sur celle-ci. 

Notre idée initiale provient d’une publication Pinterest de la CIBBVA Community, qui réalisait une enquête sur l’usage du téléphone en fonction de l’âge et du genre. Le support rendait compte des tendances en fonction de la couleur et de l’accumulation de fil à certains endroits. 

Expérience de la CIBBVA community sur le sommeil

Nous trouvions l’idée intéressante et pratique car ne nécessitant aucune installation particulière. Mais la complexité résidait dans la conception du tableau. En effet, il fallait penser aux catégories de vêtements dont nous questionnerons la durabilité, donc le fond de l’atelier, mais aussi la forme, à savoir la taille du tableau, son poids, les points d’accroche qui serviraient de support aux fils… 

Un fil par tranche d’âge, un vêtement par colonne, une valeur (en nombre de fois porté avant lavage) par ligne !

Après de nombreux tests sur bois (vis, clous, punaises) et sur MDF (panneau de fibres de bois collées sous pression), nous sommes parvenus à un résultat qui nous semblait satisfaisant et sécuritaire. Nous avons organiser le tableau avec des autocollants (eux aussi résultat de plusieurs tests de taille et de couleurs) permettant de définir les colonnes et les lignes. 

Traçage d’un chemin par un utilisateur

Une nouvelle fois, pour qu’une notion de vérité/ de moralité  (… Afin dêtre juste et de pouvoir permettre à l’usager de se repérer vis à vis de sa propre consommation sans se sentir juger) soit impliquée dans l’exercice, nous avons conçus un nouvel indicateur, à placer sur certains clous, permettant à l’usager de réaliser combien certains vêtement peuvent être portés de nombreuses fois avant d’être lavé (… de réaliser la moyenne, pour chaque vêtement, de leur fréquence d’utilisation avant lavage)  (données moyennes récupérées sur un article de La rédaction de TF1 info, de A. Gay et B. Rey).

Consignes/ fiches explicatives 

Tout ce que vous avez pu lire jusqu’ici, expliquant les exercices et leurs règles, il nous a fallu trouver un moyen de les synthétiser, de les simplifier et de les représenter. D’abord partis sur des phrases courtes et simples, comme une recette de cuisine, nous avons pensé plus pertinent de représenter les actions par des schémas, dessins. Nous les avons réalisés sur papier avant de les vectoriser afin de les modifier et les intégrer

Flyer

Que les visiteurs puissent emporter avec eux une trace de cet atelier nous semblait très important. C’est par la répétition que les informations intègrent notre quotidien, il fallait donc un visuel qui soit durable, transportable partout avec soi et accessible rapidement. Ces contraintes nous ont amené à réfléchir à un support numérique, qu’encore une fois nous avons idéalisé. En effet, la création d’une application ou d’un jeu était bien trop complexe et couteuse, c’est pourquoi nous nous sommes rabattus sur un flyer numérique regroupant « simplement » les informations phares de notre ateliers et quelques conseils pour réduire la consommation. Ce flyer est accessible grâce à un QR code, lui-même imprimer sur un autocollant au visuel et message militant. Ces autocollants sont distribués à la fin de l’atelier, positionnés sur un petit support en MDF. 

 

PDF flyer

Évolution du projet : avant / après

Le projet a abouti le 1er avril. Pour son entrée en relation avec l’usager, nous avons mis en situation le dispositif conçu et l’avons présenté à d’autres étudiants en DNMADE espace, afin de recueillir leurs retours et observations.

Avant notre intervention, Alter Alsace Énergies proposait des jeux de sensibilisation intéressants et complets, mais dont le visuel n’était pas suffisamment attractif, en particulier pour un public jeune.

L’interaction était bien présente, mais il manquait une adaptation au public étudiant : il la fallait ni trop scolaire, ni trop enfantine.

Nos améliorations

Pour mieux capter l’attention et favoriser l’engagement, nous avons mis en place :

  • Des ateliers manuels avec un visuel soigné et attractif, adapté à un public étudiant ;
  • Des affiches explicatives claires et informatives ;
  • L’utilisation de supports modernes : plutôt que des flyers papier (souvent jetés), nous avons opté pour des autocollants avec QR codes. C’est plus économique, durable, et surtout plus engageant : les étudiants conservent plus facilement un autocollant, qui peut ensuite être scanné par d’autres.

Mise en place finale

L’installation s’est faite en extérieur, sous forme de trois pôles :

  1. Le tableau avec les quantités de vêtements consommés ;
  2. La tour de consommation, jeu interactif et comparatif ;
  3. L’espace QR code/autocollants, permettant aux participants de garder une trace de l’atelier et de diffuser le message autour d’eux.

Mise en place extérieure de l’atelier

Réactions du public

Les étudiants ont appréciés les deux jeux, en particulier celui des tours de consommation, jugé plus ludique. La réglette comparative à l’échelle mondiale a suscité beaucoup de réflexions.

Par exemple, certains se sont interrogés en découvrant qu’ils consommaient moins que la moyenne française, et se demandaient comment les Américains pouvaient atteindre des niveaux de consommation si élevés.

En résumé, l’atelier semble avoir bien fonctionné, car il a su provoquer une prise de conscience, encourager la comparaison, et stimuler une réflexion individuelle et collective sur la consommation.

Nous pensons avoir réussi notre mission, et étions heureux de cette collaboration avec Alter Alsace Energies. Ce fut un projet enrichissant tant éthiquement que pratiquement.

Merci pour votre lecture !

BRAVO pour l’article, très complet et synthètique, structuré et bien illustré (+1 pour les sources) !