La femme est vue et considérée comme un être fragile, faible, délicat, qui fait attention à lui, qui prend soin de lui et qui ne se salit pas en faisant du bricolage. Ça, c’est un travail d’homme. Cette boite à outils rose illustre à merveille ces stéréotypes. Des outils sommaires, roses, et surtout formats réduits : elle renvoie un message non-anodin sur l’image de la femme dans la société. Afin d’élargir la question et de comprendre pleinement l’ampleur de l’influence que ses stéréotypes ont sur la société, on peut se demander comment les stéréotypes de genres influencent la manière de créer, de concevoir, de penser, et de façonner lemonde environnant.
Dans un premier temps, nous nous sommes renseignés sur la notion de « pink it shrink it (en rose et rapetisse le) », une pratique commerciale qui vise à réduire en taille ou en quantité tout ce qui est destiné aux femmes, car on considère qu’une femme n’a pas besoin de manger autant, d’avoir des outils aussi performants, ou encore d’être aussi fort que les hommes. Après un certain temps de documentation et de débat, nous nous sommes rendu compte que ses stéréotypes de genre se retrouvaient dans d’autres domaines comme la musique, les pubs, les jouets, les émissions télé et d’autres domaines encore.
Nous avons conclu que de faire des objets spéciaux pour les femmes en les « girlisant » entretien les stéréotypes et discriminations de genre. Ce qui nous amène a cette boite rose. Après tout, pourquoi faire une boite spécialement rose, et pourquoi les objets sont-ils plus petits. Est-ce fait pour les personnes petites aimant le rose et ayant moins de force ? Non, c’est un objet qui a subit le « pink it shrink it ». Une boite à outils est un objet surtout pratique, son but est de transporter facilement des outils de manière fonctionnelle et optimale. Or, celle-ci est une boite à outils pensée et designée pour les femmes. Le message transmis est fort et pas anodin. Il transmet plus ou moins subtilement que la femme n’est pas vraiment fait pour le bricolage, et si elle en fait, c’est des petite bricoles. Les outils à l’intérieur de cette boite aussi sont miniaturisés. Ils ne permettent pas de réellement bricoler, construire, et créer. Mais comment nous, la société, en sommes arrivés à là ? Et comment l’exprimer dans notre projet ?
Notre projet devait être une exposition interactive autour de la boite rose. Pour ce faire, nous avons appris à utiliser un makey-makey, une interface initiant aux technologies de la programmation et du numérique, et nous avons expérimentez plusieurs moyens de créer de l’interaction a l’aide d’objet conducteur. Le makey-makey est donc une sorte de carte qui permet de convertir la variation des signaux électriques en actions, ici en sons, pré-enregistrés sur une carte SD, insérée dans celui-ci.
Une fois les principes compris, nous avons dû rechercher la scénographie de notre exposition. Nous avons choisi une scénographie qui énonce subtilement comment les différents stéréotypes ont mené à cette boite rose. Il fallait donc imaginer comment relier les racines du problème à la boite elle-même, tout en s’assurant de la contrainte d’interaction de l’exposition. Nous avons utilisé des pièces de mécanos, rappelant une esthétique industrielle et de construction, liant la boite et son contenu à l’installation interactive, et du scotch métallique afin de créer des bandes conductrices pour les relier avec le makey-makey et créer l’interaction, tout en restant dans la même esthétique.
Pour faire comprendre subtilement à l’utilisateur que c’est les stéréotypes de genre qui ont mené au pink it shrink it, nous avons décidé de surélever la boite rose en la mettant sur une étagère, puis, en dessous d’elles, allait se trouver les pièces de mécanos et les bandes de scotch métallique organisées en forme de racine pour faire comprendre le message que nous voulions faire passer : « Si cette boite rose et sexiste existe, c’est suite à une construction sociale ».
Nous avons donc décidé d’organiser notre exposition de la manière suivante : chaque racine allait être une catégorie (musique, bruitage, dessin animé, jeu pour enfant, pub, et centre d’intérêt), elles étaient ensuite séparées en deux, un côté qui avait des sons stéréotypé masculin et un autre coté qui allait avoir des sons stéréotypés féminin. Cette opposition des sons avait pour but de montrer comment des sons de tous les jours peuvent façonner notre vision des deux genres.
Pour le titre, nous voulions jouer sur les stéréotypes en créant une typographie inspirée par la forme des mécanos pour « LA BOITE », une typo assez brute et simple, sans empâtement qui montrerait la force brute masculine ; et en utilisant une typographie (Hoeflertext) avec plus d’empâtement et de courbe pour « ROSE » pour montrer l’image douce délicate et frivole de la femme. Le texte a été fait en vinyle noir brillant pour ne pas distraire de l’objet principal et de l’interaction proposé.
Enfin, nous avons décidé de mettre quelques citations en lien avec certaines racines appuyant notre interprétation et notre scénographie. Les textes sur fond noirs sont des citations et le texte en blanc est un texte humoristique écrit pas un des membres du groupe servant comme cartels à l’objet.