PROJET – Croqué

Le design social permet la transmission intergénérationnelle
de savoirs / savoir-faire
liés à la culture culinaire en utilisant l’illustration.

 

Pour pouvoir travailler sur cette hypothèse, il m’a fallu décider d’une forme observable qui s’est articulée sous la création collaborative d’un objet d’édition sur la culture culinaire à partir d’éléments récoltés lors d’ateliers.

On a tous chez soi des livres de recettes (qu’on ouvre plus ou moins) qui reprennent et classent des savoirs faire culinaires vastes. On sait comment garder trace des recettes. Ce qui m’a intéressé pendant ce projet, c’était de questionner la manière de garder trace de tous les savoirs, savoirs-faire, souvenirs, rituels, pratiques… qui tournent autour du moment du repas. Tous ces éléments auxquels on ne fait pas forcément attention mais qui sont pourtant très importants et qui façonnent nos manières de vivre les moments de repas.

 

1. Tartine de souvenirs

L’objectif de ma première expérimentation “tartine de souvenirs” était donc de récolter des donnés sur le moment du repas, plus précisément des pratiques et habitudes… Mon dispositif a pris la forme d’un repas car quel meilleur moment utiliser pour parler de ce sujet ? J’ai eu cette volonté d’utiliser l’illustration, non seulement dans ma forme finale mais aussi de l’expérimenter dans mes différentes étapes (autant moi que les usagers). J’ai ce souvenir des longs repas ou au restaurant, ma mère avait toujours dans son sac des crayons ou des stylos pour qu’on puisse dessiner sur la nappe en papier. Alors j’ai repris ce concept pour permettre à mes convives d’être actifs autrement que par la parole pendant le repas. Divisé en 4 moments, chaque étape avait son déclencheur qui me permettait de récolter des données. La première partie avait pour objectif de faire se “présenter” les convives qui ne se connaissaient pas forcément : chacun avait ramené son assiette madeleine de Proust et racontait l’histoire de l’assiette. Ensuite pendant l’entrée il y avait des serviettes en papier avec divers éléments à compléter, pendant le plat une question pour enclencher des discussions et pour le dessert l’espace de l’assiette débarrassée à compléter puis des questions au fond du ramequin. En plus de cela s’ajoutent divers éléments directement sur la nappe telles que des citations sur le moment du repas ou des gommettes. A la fin du repas, j’ai pris en photo les convives avec leurs assiettes devant eux, pour avoir des portraits.

2. Dialogues entre 2 générations d’assiettes

Dialogue entre 2 générations d’assiette est un dispositif qui se penche ainsi sur des savoirs et savoir-faire tels des recettes ou des trucs et astuces de la cuisine…pendant un moment d’échange intergénérationnel. Cette fois-ci, ma posture de designer était de créer le support et la rencontre pour ensuite laisser le jeune adulte et la personne âgée utiliser l’outil et vivre le moment ensemble. Créé pour fonctionner en autonomie et expliquer par étape le déroulement, la deuxième expérimentation a pris la forme d’un carnet à remplir. Encore une fois j’avais l’envie de “faire dessiner” les usagers. Mais en ayant conscience de la complexité et du frein que cela peut être, je me suis tournée vers du collage en papier découpé. Cette technique permet de faire des formes facilement, d’avoir un style plus “grossier” et simple. L’intérêt de l’outil est de favoriser l’échange entre les 2 personnes, le carnet implique donc presque à chaque page un échange plus ou moins différent entre les usagers. J’ai ici un carnet vierge et un carnet compléter que je vais faire passer, cela vous permettra de mieux comprendre pendant que je vous explique. Pour la mise en contexte, l’atelier se déroule au café safe Haven lors d’un goûter. Chaque usager se retrouve face à une couleur; soit bleu soit jaune. Cette couleur indique qui doit remplir quelle page. En effet certaines pages sont à compléter par les deux personnes contrairement à certaines ou l’un des deux illustre ce que l’autre lui raconte. Les pochettes sont à tirer et explique comment remplir les pages tout en accueillant les papiers découpés utiles pour.

3. Croquer la vie

Lors de l’écriture de mon mémoire, “Croqué”, j’ai accordé une partie à la question de la place de l’illustration dans la médiation. Cela tournait autour de l’équilibre à trouver entre image et texte pour ne pas que l’image soit seulement là pour décorer mais bien pour servir le sujet et être aussi indispensable que le texte. C’est donc un point qui m’était important et sur lequel je voulais faire attention : ne pas utiliser l’illustration comme un simple décor dans ma restitution.
Mon objectif était de pouvoir tester différentes formes et supports pour le traitement des données. Voir ce qui est possible, comment cela rend, quelles différentes formes l’illustration peut prendre… J’ai donc cherché différentes manières de présenter chaque type de “données” récoltés. 

 

Avec tartine de souvenirs, j’ai récolté beaucoup d’habitudes, anecdotes et souvenirs, que j’ai méticuleusement dû trier et
sélectionner pour n’en garder que quelques-uns. Je les ai ensuite rangé par catégories pour pouvoir les illustrer sur différentes scénettes. Quand on plie le rabat, on peut lire une histoire illustrée sur la partie apparente.

 

J’ai aussi utilisé les portraits avec les assiettes pour les retravailler et raconter les histoires des assiettes sur un format carte postales.

On retrouve dans les cocottes, des donnés quantitatives contrairement aux autres plutôt qualitatives.
Sur ces fiches qui se détachent on retrouve les recettes et trucs et astuces des dialogues entre 2 générations d’assiettes, où j’ai repris directement les visuels créés par les usagers.
Pour finir j’ai réécrit des citations sur le moment du repas que j’avais récolté lors de mes repas organisés, pour les mettre sur des petits beurre.

 

J’avais pour intention à l’origine, de créer une édition en bonne et due forme, c’est -à -dire sous la forme d’un livre, relié. Il m’a cependant semblé plus pertinent de partir sur un format pochette qui permet un pel mel de tous les éléments. En effet il permet de plus jouer sur les formes, les tailles, les papiers, la prise en main… L’objectif n’est pas de donner un cadre fermé à tous ces moments de vie mais bien de donner cette impression que rien n’est figé, que cela peut se compléter, se transformer… J’avais envie de se coté ludique aussi. De donner envie de fouiller, de regarder, d’où les éléments très divers qui composent la pochette. La personne qui à cette édition en main ne se retrouve pas à feuilleter un ouvrage mais bien à prendre en main chaque élément et à pouvoir le manipuler.