Mémoire & annexes

 

Poivre & sel

 

Évoqué au sein d’un précédent projet nommé L’âge d’or lors de ma première année de formation, le thème de la vieillesse a suscité en moi beaucoup de questionnements que je souhaite éclaircir grâce à ma recherche-projet. Le but est d’y aborder la place du design dans les notions de “bien vieillir”, d’isolement social et de relations intergénérationnelles et d’essayer de savoir si les rencontres intergénérationnelles permettent de mieux vieillir. 

Tout d’abord, il s’agit de préciser qu’au-delà du fait que la vieillesse soit une notion subjective, elle est sujette à beaucoup de changements physiques ou mentaux auxquels la personne âgée doit s’adapter. Cependant, la mauvaise image que véhicule la société peut entraîner un déni de vieillissement engendrant ainsi une envie de rester jeune. Ce problème fait frein au “bien vieillir” décrivant un senior enclin à accepter ces modifications. Le projet de design que je veux élaborer se devra donc d’être basé sur l’éthique du care, une écoute du senior, une identification de son ressenti et une prise en compte de cette constatation. 

De plus, le senior est inévitablement confronté à une rupture sociale provoquant progressivement son isolement. Ce dernier se définit par des manques ou des insatisfactions relationnelles qui amène à un sentiment de solitude. Le projet de design se doit donc d’être centré sur le soin porté à ce besoin relationnel qu’il n’est possible de détecter qu’en entretenant une relation de confiance avec le principal concerné, le senior. En effet, il est important que l’action repose sur l’intelligence collective en passant par l’intégration totale des acteurs et de leurs idées dans le projet, valorisant ainsi le partage de connaissances. Son avis sur la solution apportée permet d’évaluer la qualité du dispositif de soin mis en place. La dimension de réciprocité permet ainsi au designer de prendre cette réponse en compte dans son processus de recherche. 

Pour remédier à l’isolement social, la relation intergénérationnelle est une bonne solution où le design peut intervenir en tant qu’outil à sa formation. En effet, elle apporte des éléments bénéfiques comme la possibilité de ne pas segmenter le corps social mais aussi de favoriser l’entraide, la coopération voire la complémentarité. Cependant, les recherches faites auprès d’étudiants m’ont permis de conclure qu’ils ont une idée erronée de ce qu’est la vieillesse. Cette vision peut donc être modifiée par l’expérience de la rencontre permettant ainsi sa promotion et sa valorisation. 

Mes recherches me permettent non seulement d’établir de grands axes directionnels, mais aussi de déterminer la place du designer au sein du projet, qui doit donc répondre aux manques sociaux afin de maintenir l’identité du senior et ainsi la valoriser. Ceci, même si l’ancrage d’un tel projet est fortement contraint par la crise sanitaire du Covid 19, rendant l’accès aux lieux d’accueil pour personnes âgées plus limitée pour les intervenants et restreignant ainsi les contacts sociaux.

L’ensemble de mes recherches me conduit à formuler une problématique qui s’articule autour de 3 éléments :   

  • L’isolement social des seniors peut être limité par des relations intergénérationnelles riches et fécondes pour toutes les générations qui se rencontrent.
  • Le designer peut favoriser et faire fructifier la richesse de ces rencontres.
  • Des activités communes peuvent être le fondement de ces croisements.

Ces trois composantes de ma problématique conduisent naturellement à un projet intergénérationnel basé sur le partage et la construction de relations amicales. Ce projet nommé Poivre & sel peut prendre place dans un cadre à vocation sociale ou un lieu de médiation culturelle. Il peut s’agir tout aussi bien d’une médiathèque ou simplement un lieu associatif dédié aux personnes âgées. Pour ce qui est de l’objectif, on peut parler du repas, vécu comme un événement social commun à tous. Aussi ce moment du repas peut devenir un moyen pour le designer de créer ou renforcer ce lien entre les générations. Au-delà du partage intergénérationnel et par la coopération qu’il peut créer, il peut également constituer un temps d’entraide et permettre de renforcer l’autonomie du senior. L’activité commune, par exemple créative, peut aussi être un moyen de susciter cette aide mutuelle par la complémentarité des compétences et des habiletés. De même, il est possible d’utiliser les “in-habiletés”, les déficiences physiques et cognitives, pour conforter le moment intergénérationnel par l’entraide et la coopération.

Voici le lien de mon mémoire :

mémoire entier isolement des personnes âgées

Et quelques photos du rendu final :