Une mémoire d’éléphant – Cécile Dandreïs

 

10 Septembre 2019, 10h. Cela fait maintenant un peu plus d’une semaine que Théo a commencé sa nouvelle année scolaire en classe de CE1. L’année dernière, il a appris à lire et à écrire, il s’est fait plein de copains, quelques copines aussi, et il appréhende désormais son entrée dans la cour des grands. Théo est assidu. L’école ? Il trouve ça marrant, surtout depuis qu’elle lui a appris à lire. Mais le soir à la maison, il n’aime pas faire ses devoirs. Il trouve vraiment très pénible d’apprendre ses leçons. Trop long, trop ennuyeux.

10h. Aujourd’hui la maîtresse a prévenu qu’ils ne feraient pas des maths à cette heure-ci. Dans la classe, tout le monde est installé autour d’un drôle d’ensemble d’objets, on dirait des jeux, mais ça n’en est pas vraiment.

Cette année, une nouvelle discipline est intégrée pleinement au programme de l’enseignement en école élémentaire. Elle n’enseigne pas une leçon particulière, ce n’est ni un cours de français, ni un cours de maths, ni même de géographie. C’est un moment d’expérimentation et d’éveil. Ce n’est pas vraiment un jeu, ni un temps de récréation, mais cette nouvelle activité amuse beaucoup les enfants. Autant qu’elle leur est utile. En effet, désormais une fois par semaine pendant quelques heures, les enfants de chaque classe sont invités à entraîner leur mémoire. Pour cela, des outils spécifiques sont mis à leur disposition sous plusieurs formes dans un kit pratique distribué à la classe en début d’année. Prenant la forme d’une malle en bois – rappelant aux enfants leur caisse à jouets – le kit est séparé en plusieurs compartiments thématiques : entraînement mémoriel, exercices d’application, outils pédagogiques, etc. qui comportent chacun un code coloré et un univers commun s’inscrivant dans un ensemble homogène. Couleurs pastels entrecoupées de couleurs vives, tons de bleus, de rose et d’orange, se mêlent à différentes matières et matériaux; du textile, au papier en passant par le bois, qui suscitent les différents sens des enfants. Plusieurs typologies de mémoires sont alors sollicitées à travers les dispositifs présents dans le kit.  Ainsi, certains peuvent commencer par apprivoiser leur mémoire à court terme, tandis que d’autres expérimentent autour de leur mémoire procédurale, par exemple. Nous trouvons ainsi de nombreux outils : jeux éducatifs, livrets, recueils de blagues, plateaux de jeu etc.

Parmi ceux-ci, les enfants ont accès notamment à un ensemble de  plateaux de jeu en textile, décorés de sérigraphies et de broderies, qu’ils peuvent facilement transporter, et utiliser comme des supports de locis.  En effet, les “plateaux de jeu” permettent de cartographier certaines informations à retenir, à l’instar d’un “palais mental”, technique de mémorisation utilisée notamment par le célèbre Sherlock Holmes, idole des enfants. Tout est très beau et intrigue la curiosité de ceux-ci, alimentant ainsi leur implication. L’ensemble de ces outils a pour vocation de donner une méthode de mémorisation. Mais ça n’est pas une méthode unique. Chaque semaine, un nouvel atelier est organisé autour de ces outils. Le but de celui-ci est d’inviter les enfants à travailler leur mémoire. Tout ce qui est mis à leur disposition les pousse à mémoriser toujours plus. Mais les enfants n’y voient là aucune corvée, puisque tout est mis en oeuvre pour que ce temps d’apprentissage soit le plus ludique possible. Leur humour est sollicité, mais aussi et surtout leur appétit d’apprendre. Toute l’année, les enfants vont ainsi apprendre à entraîner leur mémoire, pour la rendre plus efficace, pour retenir mieux et plus durablement. Tout ça leur sera bénéfique plus tard. Mais si ces outils ont intégré le cadre scolaire, ils ont aussi investis le domicile des élèves. Ils ne sont pas seulement dédiés à l’expérimentation et l’éducation de la mémoire en classe, certains servent aussi à l’apprentissage à la maison. Le soir, lorsque les enfants doivent apprendre une poésie par cœur, par exemple, ils peuvent désormais s’aider des outils qui ont été distribué à chacun en début d’année. Lorsqu’ils seront plus âgés et qu’ils entameront leurs études au collège ou au lycée, et même après, ils auront développé à titre plus ou moins égal, les mêmes capacités de mémorisation. Le but de ce nouveau temps dédié à la mémoire en classe, et des outils mis à disposition pour étudier, est tout simplement d’apprendre à apprendre. Il ne devrait plus y avoir de problème pour enseigner les fondamentaux. Grâce à ces nouveaux outils, les enfants pourront s’approprier leurs différentes leçons et de cette manière, ils auront les aptitudes nécessaires pour développer des capacités de raisonnement pour assimiler les informations les plus complexes. L’échec scolaire devrait considérablement diminuer avec les années.