DÉCIDE TA VILLE !

L’URBEXlab était présent à la Maison du Jeune Citoyen de Schiltigheim le mercredi 13 décembre pour animer son troisième atelier « Décide ta ville« . Une opportunité pour les non-élus au conseil municipal des enfants de continuer à être force de proposition pour la construction de la ville. Un véritable exercice de prise de décisions collectives agrémenté d’outils pour co-construire ses idées. Comment penser un projet collectivement tout en conservant son individualité ? telle est la question qui fait l’objet de notre recherche dans ces expérimentations.

LE PERMIS DE CONSTRUIRE SES IDÉES 

Le permis de construire ses idées prend la forme d’un document papier à remplir au fur et à mesure de la co-conception d’un projet. Destiné au suivi, il permet d’organiser et de réunir progressivement les idées des acteurs du projet, les enfants. Il rend visible le processus réflexif et les décision collectives à différentes étapes. Un fois le projet final validé et signé par l’ensemble des participants, ce cahier des charges servira à sa construction.

Différentes étapes de concertation et de débat ont guidé cet atelier :

 

Co-construction des idées

Divisés en deux groupes, chacun d’entre eux ont tiré au sort une carte projet/commande préparée préalablement par chacun des membres de l’URBEXlab. Lors de cette séance, nous avons choisi de proposer des commandes directement en lien avec nos projets personnels. Celles-ci étaient :

Construire un espace léger et transportable pour les personnes en situation précaire.

Construire sur une place délaissée, un espace de rencontre entre les habitants riverains pour parler ensemble des projets d’aménagements de leur quartier.

Un temps d’échange leur a permis de faire des propositions de formes mais surtout d’usages. Ce temps de débat était rythmé d’outils, des bâtons de parole que les enfants devaient prendre en main pour pouvoir s’exprimer. Nous avons proposé des formes graphiques pour signifier l’idée, l’accord, le désaccord, le droit de prendre la parole, la question, directement inspirées de l’atelier précédent autour des outils du débat.

Outre la difficulté de compréhension des sujets proposés aux enfants, il était parfois difficile de réguler les idées et la discussion en évitant le hors-sujet. Rappeler et intégrer la contrainte n’est pas toujours facile en début de réflexion. Les enfants, plutôt imaginatifs ont d’abord proposé des structures hors-normes voire infaisables, et il nous a fallu sortir du cercle de discussion pour les laisser parler d’égal-à-égal, sans “étudiant référent”, et réagir à la faisabilité des différentes propositions. L’utilisation des bâtons de paroles à été très instinctive, permettant à chacun d’écouter et de réagir. Assis autour d’un cercle en pointillés, les enfants ont néanmoins eu tendance à le franchir pour prendre le dessus sur les autres. Peut-être faudrait-il penser à une nouvelle disposition lors de temps d’échange et de nouveaux signes graphiques pour demander de parler plus fort et signaler un hors-sujet.

La conception

Nous avons intégré une phase de maquettage dans le processus de construction du projet. Les enfants disposaient de formes en bois et en mousse, ainsi que de tourillons pour construire et projeter en 3D leurs espaces. L’objectif étant de faire une proposition de forme collective. C’est finalement individuellement ou deux par deux qu’ils ont commencé à maquetter. Ils se sont de nouveau emparés des bâtons de parole pour défendre et expliquer leurs choix de construction et tenter de dégager une intention de forme collective.

Décider ensemble pour un projet commun n’a pas été chose facile, chacun souhaitant que sa proposition fasse l’unanimité. C’est à ce moment là que l’outil du curseur intervient. Il permet de jauger le degré d’accord entre les participants sur une proposition donnée. Plus le curseur va de l’avant, plus la décision va vers le consensus. Nous souhaitions comprendre si les enfants arrivaient à prendre une décision de façon unanime sans pour autant avoir la sensation d’être dans le compromis. Pour cela, l’argumentation, la reformulation et l’échange est primordial pour faire tomber les objections.

Les propositions de formes ont été fructueuses. Il a été difficile pour les enfants de travailler tous ensemble dès le départ et d’intégrer les contraintes liées à la commande de base. Focalisés sur l’esthétique et l’environnement du projet, ils ont parfois délaissé la réflexion autour des usages. Penser collectivement n’est pas un acte spontané. Il a fallu canaliser les idées de chacun pour éviter les hors-sujets.

Malgré une volonté d’étude qualitative et non quantitative, nous avons pu constater un manque de graduation ou d’étape à franchir sur le curseur. L’évaluation de l’accord des participants en est devenu approximatif. Peut être pourrions nous imaginer l’adapter au nombre de participants (1/6 , 4/6…).

Les enfants ont eu tendance à voir ce curseur comme un “but du jeu”. Ils étaient guidés par l’envie de pousser le curseur au maximum quitte à lisser leurs opinions pour y parvenir.

Le choix des matériaux et des couleurs

Après le maquettage d’une forme, nous avons pu passer à l’étape finale : le choix de matériaux et des couleurs appliqués au projet. Grâce à des nuanciers Pantones revisités, les enfants devaient choisir entre des une série de matériaux différents et une gamme de couleurs diverses. Le but était de faire des choix pertinents pour imaginer la structure qui répondrait le mieux aux contraintes initiales. Ici les matériaux souples et les couleurs chaleureuses ont souvent été privilégiées. L’atelier se termine laissant apparaître deux beaux projets : une structure accueillante et chaleureuse pour les sans abris, une serre transparente pour les riverains de la place.

Il a fallu sélectionner trois matières et trois couleurs, un choix cornélien quand chacun souhaitait apposer sa couleur préférée. Les bâtons de la parole ont même été détournés comme moyen de mettre en avant les choix personnels à cette étape du projet. Mais en travaillant par gammes colorées, nous avons pu interpeller les enfants sur l’importance de l’associations des couleurs puis du choix des matériaux répondant aux contraintes du projet.

 

Cet après-midi a donné naissance à des structures déployables dans l’espace public, proposant des lieux d’échanges pour les habitants et accueillant des personnes en situation de précarité. L’atelier “Construis ta ville !” qui se déroulera le 10 janvier aux côtés des mêmes enfants aura pour objectif de maquetter ces espaces à plus grande échelle afin de continuer à en imaginer les usages.

 

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