Mémoire

Ce mémoire est une synthèse de la recherche menée pendant tout le premier semestre de cette troisième année. Ci-dessous se trouvent un court résumé en français et un abstract en anglais. Voici enfin le lien vers le pdf du mémoire.

Résumé

Comment créer des outils de documentation adaptés aux enfants en classe verte ? Cette question est très précise, mais il s’agit bien du point de départ de ma recherche. Mon père étant garde forestier, j’ai vécu toute mon enfance entouré de forêt. J’ai donc une attache émotionnelle forte pour la nature, qui pour moi est essentielle maintenant. Dans cette optique, j’adorais apprendre avec mon père, des anecdotes à chaque sortie sur la faune ou la flore. C’est ainsi que la transmission de savoirs du milieu que j’aime m’est restée. Après un stage au CINE de Bussierre (Centre d’Initiation à la Nature et à l’Environnement), où des animateurs nature accompagnent des classes de primaires dans un environnement vert, je me rends compte que les enfants n’ont, à part des souvenirs et l’une ou l’autre créations, rien de concret sur quoi s’appuyer pour apprendre. Les enseignants entourent leur classe et participent aux animations, mais n’ont aucune ressource pédagogique à l’issue de la journée. C’est pourquoi, pour répondre à cette question, il faut comprendre d’où viennent les classes vertes, leurs histoires, et quelles sont les motivations de ceux qui les ont imaginées. Ensuite, travaillant avec des enfants, il faut se poser la question de notre posture et de notre discours, et de la pédagogie dont on peut s’inspirer. Par ailleurs, les outils de documentation qu’il est possible de mettre en œuvre, dans ce contexte, permettent de s’intéresser non seulement à la question des communs, mais aussi à celle des logiciels libres. La notion de communs est évolutive et controversée. Les chercheurs sont cependant parvenus à un consensus. Il existe trois formes de communs : les communs en tant que ressource physique ou dématérialisée, une communauté, ou encore une pratique et des règles, aussi appelé commoning (gouvernance). Les communs ne sont néanmoins pas à confondre avec les biens communs. Les communs s’appliquaient originellement aux biens naturels ou matériels, considérés comme rivaux et limités. Les biens communs, eux, sont des ressources non rivales, et non exclusives, gérées par des communautés volontaires, telles que les logiciels libres. Dans le domaine du design, les biens communs et les logiciels libres sont un moyen d’outiller largement des communautés, et de diffuser des informations. Ce partage n’est possible que grâce aux licences Creative Commons qui autorisent, à différents degrés, la réutilisation des informations et même la modification. Lors de mes recherches, j’ai beaucoup appris sur l’origine des classes vertes ainsi que sur celle des écoles dans la nature en Europe. Les méthodes engagées sont similaires dans les deux approches, mais à des degrés différents. Pour ce qui est de la pédagogie, Freinet comme Montessori (tous deux pédagogues), ont beaucoup travaillé sur l’autonomie de l’enfant afin d’éveiller sa curiosité, mais aussi sur le travail en groupe et l’expérimentation dont le but est de créer un savoir commun. Freinet, toujours avec ses journaux scolaires, laisse les enfants créer leurs éditions (textes, illustrations, mise en page), en fonction de leurs intérêts tout en créant des savoirs communs. Dans les écoles, la notion des communs se répand grâce au numérique, mais aussi à l’évolution des mouvements pédagogiques. Les enseignants favorisent l’expérience, et le suivi assidu des élèves, pour leur proposer une éducation sensible et non compétitive. La nature elle aussi, utilise les communs comme un milieu riche, dans lequel les enfants peuvent s’épanouir, et développer une valeur affective envers cet environnement. C’est en se basant sur ces recherches que je souhaite orienter mon projet sur l’expérience des enfants en milieu naturel, et de leur vécu, pour produire du savoir commun. Il s’en dégage alors une problématique qui peut se formuler ainsi : “Comment le designer, utilise un milieu naturel pour créer du savoir commun en classe ?“

Abstract

How to create documentation tools adapted to children in the green classroom? This is a very specific question, but it is indeed the starting point for my research. My father was a forest ranger and I spent my entire childhood surrounded by forest. So I have a strong emotional attachment to nature, which for me is essential now. With this in mind, I loved to learn with my father, anecdotes on every outing about the fauna and flora. This is how the transmission of knowledge of the environment I love has remained with me. After a course at the CINE de Bussierre (Centre d’Initiation à la Nature et à l’Environnement), where nature guides accompany primary school classes in a green environment, I realised that children have, apart from memories and one or other creation, nothing concrete to learn from. The teachers surround their class and take part in the activities, but have no teaching resources at the end of the day. That is why, to answer this question, we need to understand where the field trips come from, their stories, and the motivations of those who have imagined them. Then, working with children, we must ask ourselves the question of our posture and our discourse, and the pedagogy from which we can draw inspiration. Furthermore, the documentation tools that can be used in this context make it possible to address not only the question of commonalities, but also that of free software. The notion of commons is an evolving and controversial one. However, researchers have reached a consensus. There are three forms of commons: commons as a physical or dematerialised resource, a community, or a practice and rules, also called commoning (governance). However, commons are not to be confused with common goods. The commons originally applied to natural or material goods, considered as rival and limited. In contrast, commons are non-rival and non-exclusive resources managed by voluntary communities, such as free software. In the field of design, commons and open source software are a means of widely equipping communities and disseminating information. This sharing is only possible thanks to Creative Commons licences which allow, to varying degrees, the reuse of information and even modification. During my research, I have learned a lot about the origins of green classes as well as about the origins of schools in the wilderness in Europe. The methods involved are similar in both approaches, but to different degrees. As far as pedagogy is concerned, both Freinet and Montessori (both pedagogues), have worked a lot on the autonomy of the child in order to arouse his curiosity, but also on group work and experimentation, the aim of which is to create a common knowledge. Freinet, always with his school newspapers, let the children create their own editions (texts, illustrations, layout), according to their interests while creating common knowledge. In schools, the notion of commonality is spreading thanks to digital technology, but also to the evolution of pedagogical movements. Teachers encourage experience and regular monitoring of pupils, in order to offer them a sensitive and non-competitive education. Nature also uses the community as a rich environment in which children can flourish and develop an emotional value towards this environment. It is on the basis of this research that I wish to orient my project towards the experience of children in the natural environment, and their experiences, in order to produce common knowledge. An issue emerges from this research, which can be formulated as follows: “How does a designer use a natural environment to create common knowledge in the classroom?”