Lieux de vie sans lumière

 

Jacqueline, Catherine, Denise, ce ne sont pas les noms des grands-mères d’Aie Aie Aie, mais bien les noms des « mailles résidentielles » de Hautepierre. Vision d’un architecte utopiste, Pierre Vivien, des immeubles, pavillons et logements sociaux construits dans les années 70 se répartissent à l’intérieur de vastes hexagones. Nous portons d’abord une attention particulière pour la maille « Hautepierre » qui contient l’hôpital et la maille « Plaine des jeux » qui abrite un parc et différents aménagements sportifs. Interpellés par ce fonctionnement de quartier, nous nous rendons sur les lieux afin d’observer avec curiosité ces petits nids d’abeilles.

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Nous allons premièrement chez Jacqueline, la maille qui borde celle de la plaine des jeux, une douve de parkings nous sépare alors d’un rempart d’immeubles. Un peu effrayés au premier abord, nous prenons notre courage à deux mains et pénétrons la forteresse. Encore des parkings à l’intérieur, ici domine la voiture; nous nous enfonçons dans l’hexagone et à notre grande surprise nous découvrons une VRAIE vie de quartier. En contraste avec les immeubles rigides, froids et « prêts à utiliser » se présente à nous une vie de quartier active et relativement autonome, presque communautaire. Au centre et entourés par les immeubles, nous découvrons des espaces verts, des aires de jeux improvisées, des lieux d’interaction ponctuels pour les habitants, notamment à la sortie de l’école.
Les parents échangent, les enfants jouent et surveillent leurs précieuses plantations dans le «jardin mélangé» qu’ils ont créé avec la dîte école. Des jeunes gens se rassemblent, mais ne savent pas vraiment où se placer: entre les parents ? Les enfants ? Prise de conscience pour le collectif Aie Aie Aie, fêtards de jour comme de nuit, à la recherche d’un endroit pour prendre une pause : mais où sont les bars? C’est alors que se pose la question des lieux de rencontre proposés aux habitants. Réponse? Spontanément: Aucun, les quartiers sont conçus pour optimiser la circulation des flux avec toutes ces barrières et espaces publics cloisonnés, vierges de mobilier urbain permettant de se retrouver ou se poser par exemple.

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À la recherche d’explications sur ce manque crucial de lieux de vie, d’échange et beuverie, nous rencontrons de nombreuses affiches/flyers annonçant des évènements socio-culturels proposés par la Maison de Hautepierre. A l’initiative de la mairie, ce centre culturel et social offre aux habitants de Hautepierre des activités définies pour plusieurs tranches d’âge, et de différentes natures. On retrouve des ateliers théâtre et musique pour les enfants, des cours de français pour les adultes en difficulté, et autres lotos et repas de quartier. Mais c’est au contact des habitants et de l’association de quartier Horizome qu’une réalité toute autre nous est montrée sur l’impact réel de ce lieu sur l’ensemble de la vie de quartier, toutes générations confondues.