Note de synthèse -Maud

Quartier des Deux-Rives, convivialité en actions.

Intentions de projet

L’espace public en ville ne représente souvent qu’un lieu de passage où les habitants n’ont pas d’interaction particulière les uns avec les autres. L’espace public représente les rues, les places que nous parcourons au quotidien sur des temps de trajet. Certains aménagements ou évènements activent cet espace public et créent un prétexte pour s’y arrêter. Dans un contexte d’individualisation de la société et de marchandisation, quels lieux de communs existent pour faire lien entre les habitants d’un quartier ? Dans le cadre de mon projet de fin diplôme, j’envisage l’espace public comme vecteur de lien social.
Lors de ma recherche en design je me suis interrogé sur comment ce dernier peut-il permettre aux jeunes (collégiens) de se réapproprier l’espace public en ville, pour créer des lieux de convivialité. Ainsi, des outils de design participatif interrogent les habitants sur leurs usages de l’espace public puis leur donnent envie de s’approprier celui-ci et de le rendre plus convivial.

Contexte

Le partenaire de mon projet est le centre socio-culturel « Au-delà des ponts » qui déploie son action dans le quartier des Deux-Rives. Dans son projet pédagogique, il a pour but de favoriser les échanges entre tous les habitants du Port et Rives du Rhin et leur implication dans la vie de quartier. Dans le cadre du projet urbain des Deux-Rives a lieu le développement de 4 quartiers entre le parc de la Citadelle et l’Allemagne ; l’aménagement des quartiers Citadelle, Starlette, Coop et Port du Rhin traduit l’ouverture de Strasbourg sur l’Europe. Le centre socio-culturel a un objectif de mixité sociale (limiter les effets de la gentrification entre les nouveaux quartiers et le quartier historique).

Les dispositifs de concertation citoyenne que j’expérimente pourraient s’inscrire dans la dynamique de mutation urbaine du quartier des Deux-Rives.

 

Ce poster récapitule les différents ateliers menés au cours de ma recherche-projet.

 

 

ATELIER 1

Pour imaginer des modifications et formuler un avis critique sur l’espace public, il est nécessaire de poser un “regard neuf” sur la ville. En effet, lorsque nous nous rendons sur un lieu dont nous n’avons pas l’habitude, certaines modifications nous paraissent évidentes tandis que formuler un avis critique sur son environnement proche et quotidien est moins aisé.

Ce premier atelier avait pour objectif de conscientiser que l’espace public peut être amélioré et que les habitants, même les jeunes peuvent agir sur leur environnement proche. Au lieu d’être dans une salle et de discuter de concepts illustrés par des images, cet atelier prend le parti d’ancrer la réflexion dans le réel en se rendant dehors : les collégiens peuvent visualiser des usages conviviaux de l’espace public in situ.

L’atelier comporte des plaques transparentes sur lesquelles sont représentées des propositions d’usages dans l’espace public plus conviviaux. En discutant avec les animateurs du CSC sont définis des thèmes pour les plaques relatives au partage ( pouvoir discuter plus facilement, installer une boîte de partage/troc, réaliser un repas partagé), relatives au corps dans l’espace ( se balancer, se relaxer, grimper ) et des images relatives au fait de pouvoir changer avec la routine ( des fêtes dans le quartier… ).

Les collégiens choisissent une plaque dont la proposition leur donne envie puis déambulent dans le quartier afin de déterminer à quel(s) endroits ils aimeraient voir cette proposition. Pour garder trace de l’atelier, je passe enregistrer un verbatim auprès de chaque collégien. Une photo de la plaque est prise en situation puis je lui demande de raconter ce qu’iel aimerait voir à quel endroit et pour quelle raison.

À l’issue de ce premier atelier, je constate notamment que les collégiens paraissent plutôt concernés ainsi que l’idée de tables plaît particulièrement. J’apprends que la plupart des personnes du groupe ont toujours vécu ici.Toutefois, le dispositif reste assez passif et ne permet pas d’annoter, de participer à la création de cette image/idée autrement que par le récit. Permettre de construire une image collective d’un espace public idéal/plus convivial est une piste pour la suite de la recherche-projet.

Les ateliers qui suivent visent à donner forme aux idées des collégiens pour l’espace public, à leur permettre de les éprouver par des contraintes (de débattre du fond) et de les cartographier dans l’espace du quartier.

 

Atelier 2

Cet atelier demande aux collégiens d’énoncer leurs propositions d’aménagement pour l’espace sous la forme d’un jeu. Il s’agit d’ouvrir le champ des possibles en se permettant d’énoncer, de prototyper des idées utopiques qui seront ensuite reformulées lors d’un autre atelier.

Les collégiens piochent une plaque question, réfléchissent à une idée puis la miment

→ Qu’est-ce qu’il y aurait ici pour qu’on puisse s’y détendre ?

→ Que pourrait-on mettre dans un placard-mystère destiné au troc entre habitants ? (notion de partage)

Pour garder trace des idées mimées, un enregistrement sonore qui raconte est capté. Un support permet de ne pas avoir à tenir l’enregistreur ni les plaques.

 

Après plusieurs phrases d’amorce/de mime, on passe à la réalisation physique de 3 idées qui ont suscité le plus d’enthousiasme. Pour se faire est utilisé un kit de prototypage rapide conçu par les DSAA composé de tasseaux et de connecteurs. Pour garder trace de l’idée, une photo est prise.

Plusieurs idées émanent de cet atelier : un goûter participatif, un supermarché (boutique de proximité), un “magasin gratuit” (trocs et dons), une piscine (se rafraîchir), un labyrinthe (jouer), un défilé de mode des confections des couturières du quartier, une scène pour un spectacle.

Pour la suite de la recherche, il serait intéressant de se concentrer sur un “micro-espace” délimité puis d’imaginer des aménagements ou évènements favorisant la “convivialité” sur cet espace.

Devant le citystade se trouve un triangle de béton sans rien, les collégiens ont suggéré d’y mettre une fontaine à eau, des bancs, qu’il y ait un échange de savoir-faire lors d’événements sportifs où des professionnels jouent, par ailleurs il a été proposé d’organiser un tournoi sportif intergénérationnel.

 

Atelier 3

Cet outil s’inscrit en continuité avec le précédent atelier.

À partir des idées énoncées lors du précédent atelier il s’agit de raconter les “idées rêvées” tout en les confrontant à des contraintes : À quel endroit ? Quels acteurs sont mobilisés ? Par qui est-ce financé ?

Le kit comporte un support effaçable, des feutres, des pions acteurs, des tuiles avec des verbes d’action et des éléments de décor.

Par la suite, on détermine des axes d’envies d’aménagement de l’espace public qui seront représentés sur la carte de l’atelier 4. Je constate que le fait de raconter une idée comme une histoire n’est pas adapté à des collégiens ; s’adresser à ce public nécessite des outils actifs (ludique) ni trop scolaire ni trop “enfantins”. Un des ateliers aurait pu être commencé par un jeu de lancer par exemple.

 

Atelier 4 : cartographie narrative

Lors de l’atelier 4, les collégiens placent sur la carte leurs projets pour rendre l’espace public plus convivial. Par ailleurs, ils ajoutent les lieux qu’ils ont l’habitude de fréquenter, ainsi que l’endroit de leur quartier qu’ils feraient visiter à quelqu’un qui n’est jamais venu.

Par la suite, la carte est un support de médiation qui donne à voir les suggestions des collégiens aux autres habitants. La suite de l’atelier 4 a lieu lors d’un “café des habitants”, un vendredi matin au CSC. Des autocollants liés à une carte témoignage leur permettent de donner leur avis sur les projets énoncés, de formuler d’autres propositions ou remarques.

 

Néanmoins, l’espace vécu du quartier est plus petit que le quartier défini par les plans d’urbanisme. Initialement je voulais inclure des gens qui venaient d’un peu plus loin, il serait toutefois nécessaire de zoomer cette carte pour une meilleure lisibilité.

Du point de vue de la gestion de l’atelier dans le scénario d’usage, prévoir plusieurs niveaux de lecture est judicieux (de loin, intriguant visible/ de près, spectateur autonome/ avec moi, dialogue).

Résultats des échanges lors de l’atelier :

-Il manquerait une/des fontaine.s à eau

-Il a été fait remarqué que sur la place de l’hippodrome ont été construites 2 petites églises (orthodoxe et chrétienne) mais le lieu de culte musulman n’a pas été vraiment pris en compte. “La mosquée elle fait la taille de ma cuisine eh.” -une collégienne lors de l’atelier.

-L’occupation de l’espace extérieur est genrée bien que la place de l’hippodrome soit très familiale une grande partie de la journée grâce à des aménagements qui fonctionnent. Cet axe de recherche sur l’occupation genrée de l’espace pourrait être développé.

-Il manquerait des endroits pour se rassembler face à face, ainsi que des tables.

 

Atelier 5

Cet atelier avait pour but d’impliquer les usagers quotidiens par une exposition dans la rue de structures gonflables modélisant des suggestions pour un espace public plus convivial. Le gonflable, forme inattendue dans la rue, intrigue et amorce le dialogue avec les passants.

Un tableau de médiation complète l’atelier et permet de construire collectivement une représentation d’un espace public plus convivial.

Une fontaine à eau

 

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Pour conclure le projet, une microédition composée de la carte narrative, sa légende et de “fiches-actions” à destination des habitants est proposée à la SPL (Société Publique Locale) des Deux-Rives. Cette SPL, chargée du projet d’urbanisme des Deux-Rives pourrait être mon partenaire qui sous-traite une partie de dispositifs de concertation citoyenne à un designer.

Cette microédition rend compte de la récolte de parole lors des différents ateliers. Elle pourrait être un support, lors d’assemblées de quartier (“rencontre-forum”) de réalisation de projets favorisant la convivialité, sûrement avec le levier d’action du public du CSC ou du tiers lieu Kaleidoscoop.

Une déception aura été de ne pouvoir traiter que de la récolte de parole sans réaliser physiquement des propositions de design pour un espace public plus convivial. Ci-dessous des pistes de suite de projet.