Projet – Patient·ce

Problématique de mémoire de recherche

Comment le design social peut-il favoriser l’apaisement des patient·es dans les salles d’attente en milieux de soins  ?

En partant de cette problématique, j’ai développé mon projet en prenant en compte un contexte spécifique : la salle d’attente du cabinet de soins dentaires de Juliette Abbat situé place Kléber à Strasbourg.

partenaire & protocoles d’observations

Le cabinet de la docteure Juliette Abbat, chirurgienne dentiste basée à Strasbourg, collabore en tant que partenaire dans ce projet.
Après avoir mené plusieurs entretiens avec la professionnelle de santé et visité la salle d’attente de son cabinet, des protocoles d’observation ont été créés dans le but de comprendre, appréhender et observer les usager·ères de ce contexte, permettant ainsi de soulever plusieurs questionnements :

Quelle est la disposition adoptée par les patient·es dans cette salle d’attente ?

  • Quelles formes d’interaction existe-t-il entre les usager·ères de cette salle d’attente ?
  • Quelles sont les activités fréquemment pratiquées par les patient·es dans cette salle d’attente ? à quelle fréquence ?
  • Quels sont les comportements non verbaux des patient·es ? 

(PHOTO FICHE OBSERVATION )

Les observations effectuées lors des séances du 23 mars, 28 mars et 4 avril ont permis de confirmer certaines hypothèses préalables tout en remettant en question d’autres concernant les activités des patient·es dans la salle d’attente.

Il est intéressant de noter que tous les patient·es ne recourent pas automatiquement à l’utilisation de leurs téléphones portables pendant leur attente. Certains semblent plutôt inactif·ves, sans activité apparente, peut-être plongé·es dans leurs pensées ou simplement en train de se reposer. D’autres préfèrent observer l’environnement qui les entoure, portant une attention curieuse aux autres personnes présentes ou aux détails de la salle. Par ailleurs, j’ai pu remarquer que certain·es patient·es écoutent de la musique ou autres contenus sonores à l’aide de leurs écouteurs. 

Comme étudié dans le mémoire, la musicothérapie est une méthode non verbale utilisant le sonore, le musical dans le contexte de soin. Elle peut contribuer au processus d’apaisement.

Ces observations soulèvent de nouvelles interrogations quant aux motifs qui poussent les patient·es à choisir une activité plutôt qu’une autre pendant leur attente. Y a-t-il des facteurs individuels, tels que les préférences personnelles ou l’état d’esprit du moment, qui influencent leur choix d’activité ? Est-ce que la durée de l’attente ou les caractéristiques spécifiques de l’environnement de la salle d’attente jouent un rôle dans les activités privilégiées par les patient·es?

hypothèses de recherche

Expérimentations de solutions aux hypothèses

Après avoir formulé ces hypothèses, j’ai entrepris la création de trois dispositifs expérimentaux dans le but de les mettre à l’épreuve et de confirmer ou infirmer leur validité.

Axe 1 , hypothèse 1 : Lorsqu’un·e patient·e se trouve dans un espace offrant davantage d’intimité, cela contribue à son processus d’apaisement.

Dispositif de cloison modulaire et modulable

Le système de cloisons modulable proposé offre la possibilité de créer de l’intimité en séparant l’espace de la salle d’attente. Le tissu utilisé pour les cloisons présente une translucidité subtile qui permet la diffusion de la lumière et crée un jeu d’ombres et de silhouettes entre les différent·es patient·es.
L’aspect modulaire de ces cloisons permet une grande flexibilité dans la configuration de l’espace. Elles peuvent être assemblées de différentes manières pour former des agencements uniques et s’adapter aux besoins spécifiques de chaque situation. Cette modularité permet de créer des zones d’intimité pour les  patient·es , tout en conservant une certaine ouverture et une fluidité visuelle dans la salle d’attente.
Le choix des formes, des textures et des couleurs pour ces cloisons a été soigneusement réfléchi afin de rendre l’espace plus chaleureux et accueillant. Les formes courbées apportent une douceur visuelle, tandis que le choix du lin texturé et ses couleurs ajoutent de la douceur visuelle à l’environnement.

En expérimentant la mise en forme de ma cloison, j’ai réalisé plusieurs tests de teinture sur mon tissu. ( aplats, dégradés, motifs) En observant les différentes teintes et les effets visuels résultants, j’ai pu déterminer quelles couleurs se marient le mieux avec mon tissu.  Il est important de prendre en compte la création de l’ambiance générale souhaitée dans la salle d’attente et la coordination avec le reste des éléments de l’espace.

 

Axe 2 , hypothèse 2 : Lorsque le dialogue entre le·a patient·e et son accompagnant·e est facilité, cela contribue à son processus d’apaisement.

Dispositif de housse de chaise.

Le projet de cette housse de chaise a été conçu dans le but de favoriser le dialogue entre le·a  patient·e et son accompagnant·e au sein de la salle d’attente. Contrairement au mobilier classique des salles d’attente qui ne facilite pas les échanges, pourtant ces interactions peuvent avoir un impact positif sur le bien-être émotionnel du·de la patient·e.
La présence et le soutien d’un·e accompagnant·e, que ce soit un parent pour un enfant ou un·e ami·e pour un·e patient·e, peuvent être réconfortants. La housse de a ainsi été pensée pour rapprocher physiquement et visuellement deux chaises, permettant ainsi aux personnes accompagnantes de s’asseoir à proximité du·de la patient·e.
En créant ce rapprochement, le dispositif encourage une meilleure communication et offre un espace où les échanges peuvent se dérouler plus facilement. Il contribue à créer un environnement propice aux liens affectifs et au partage de soutien mutuel.

Axe 3 , hypothèses 2 et 3 : Le design peut favoriser l’apaisement du·de la patient·e en lui permettant de penser à autre chose que la consultation. Le design peut favoriser l’apaisement du·de la patient·e en valorisant l’existant dans la salle d’attente.

Dispositif de contemplation de la place Kléber

Le dispositif spécifiquement est conçu pour être placé devant la fenêtre de la salle d’attente, offrant ainsi une vue panoramique de la place Kléber à Strasbourg. Son objectif principal est de permettre aux patient·es de se laisser distraire et de contempler cette vue d’une manière différente, en invitant leur imagination à explorer de nouvelles perspectives visuelles.
Grâce aux filtres déformants intégrés, les usager·ères de la salle d’attente peuvent voir la vue de la ville sous un angle unique et stimulant. Ces filtres apportent une dimension artistique à l’expérience, en modifiant les couleurs, les formes et les contours de la scène urbaine devant eux.
En utilisant ce dispositif, les patient·es ont ainsi la possibilité de s’évader mentalement, de laisser libre cours à leur imagination et de vivre un moment de détente visuelle tout en attendant leur rendez-vous.

Résultats

Les dispositifs ont été installés et des observations ont été menées pour évaluer les interactions des patient·es. Des fiches protocoles d’observation ont été conçues pour documenter les observations. Les objectifs de ces observations étaient d’identifier le profil des utilisateurs·trices et d’étudier leur relation avec le dispositif. S’en approchent-ils ? Portent-ils un intérêt pour le dispositif ? Éprouve-t-il de la crainte ?

Conclusion

Une fois les hypothèses confirmées par les dispositifs expérimentaux, ce travail ainsi que les résultats obtenus ont permis la création d’une notice à destination des professionnel·elles de santé souhaitant aménager leur salle d’attente. Cette notice de la “salle d’attente apaisante” propose trois préconisations d’aménagement découlant de mes hypothèses vérifiées.