Atelier outillé

L’atelier outillé sert à créer un premier lien avec de futurs partenaires. En tant que support d’échange, il fait participer les usagers et recueille des données.

 

CONTEXTE ET IMMERSION

Suite à mes prises de contacts, j’ai eu la possibilité de rencontrer et d’échanger avec plusieurs membres de l’association Alsace Nature et du Centre d’Initiation à la Nature et à l’Environnement (CINE) de Bussierre. Ces deux structures axées sur la biodiversité et le vivant proposent notamment des ateliers et des temps d’animations (intérieur et extérieur) avec des scolaires en primaire. Le 15 novembre 2022, j’ai eu l’opportunité d’être en immersion toute la journée, pour suivre deux ateliers de deux animatrices du CINE.

Deux activités très différentes ont été proposées, celle du matin avec des CP axée sur la reconnaissance des textures en extérieur, le long des bords de l’Ill auprès de deux classes de CP de l’école At Home;celle de l’après-midi avec des CM1 réalisée en intérieur autour d’un échange sur les oiseaux d’eaux observés le matin. Les enjeux étaient différents : une acquisition de connaissances le matin par association entre des termes et des éléments naturels rapportés par les enfants, l’après-midi il s’agissait de se remémorer les espèces observées et de formuler un récit. Il s’agissait pour les CM1 d’évaluer l’appropriation qu’ils ont faite de l’atelier d’observation réalisé quelques heures auparavant. La différence d’âge entre les deux classes justifie le niveau de difficultés plus élevé exigé pour les élèves plus âgés. Dans les deux cas, les intervenantes ont adopté les postures d’expertes et d’accompagnements. C’est par l’intermédiaire du CINE et d’Alsace Nature que les ateliers outillés auprès de deux classes de CE2 à l’école Avenir à Lingolsheim et de deux classes de CP à l’école At Home à Bischheim, ont été organisés les 8 et 15 décembre 2022.

 

L’OUTIL

À partir de l’hypothèse selon laquelle les enfants vivant en ville ne sont pas assez attentifs à la faune, j’ai voulu interroger leurs comportements envers les animaux, avec les notions de respect et d’empathie qui en découlent. Le premier atelier vise à identifier quels animaux les enfants ont déjà vus et lesquels ils n’ont jamais vus pour de vrai. Le deuxième cherche à savoir quels sons d’animaux leur sont familiers. Et pour finir, le dernier atelier a pour objectif de comprendre comment les enfants se comportent en présence de divers animaux. Avec les CP, ce dernier atelier a été remplacé par une séance de dessin car le jeu de cartes “ comportements ” semble trop com- plexe à leur âge et qu’une activité manuelle est plus accessible et leur est familière. Lors de l’atelier dessin, la question“si je vous dis animal dans la ville à quoi vous pensez ? ” a été posée aux enfants.

 

ATELIER VU / PAS VU

1. Pour commencer, chaque enfant se voit attribuer un packet d’images de 16 animaux différents. Chacun sélectionne les animaux qu’il a déjà aperçus en vrai (boite avec un œil ouvert) et ceux jamais vus (boite avec un œil barré).

2. Tour à tour, les enfants glissent les photos des animaux dans la boite correspondante.

 

ATELIER SONS D’ANIMAUX

1. Je commence par leur faire écouter un son d’un animal (que l’on retrouve en ville en Alsace). Pendant l’écoute, les enfants gardent les yeux fermés;ils lèvent la main si ils ont déjà entendu le son.

2. Une fois le son écouté, les enfants spontanément ont souhaité deviner à quel animal le son fait référence. Je leur montre une image de l’animal en question et leur apporte quelques connaissances sur ce dernier.

 

ATELIER CARTES COMPORTEMENTS

1. Chaque élève reçoit un jeu de cartes avec différentes illustrations correspondant à divers comportements (caresser, attraper, s’attendrir, observer, nourrir, repousser).

2. Ensuite, je place au centre de la table l’image d’un animal (présent en Alsace). Les usagers, cartes en mains, choisissent une à deux cartes qu’ils posent faces cachées devant eux. Après avoir retourné les cartes, des échanges sont suscités.

 

ATELIER REPRÉSENTATION PAR LE DESSIN

1. Chaque enfant se voit remettre une feuille A5 (verte ou beige) et des feutres.

2. À partir de la question “si je vous dis animal dans la ville, à quoi pensez-vous?”, il est demandé aux enfants de faire un dessin.

 

MA POSTURE EN TANT QUE DESIGNEUSE

En tant que designeuse, la posture d’accompagnement/facilitation et la posture de personne ressource m’ont paru adéquates lors de mes ateliers. Ces postures m’ont permis d’instaurer une relation de “conscientisation” avec les enfants afin de créer un cadre pour favoriser la créativité, l’idéation et l’échange. Des apports de connaissances sur les animaux ont été engendrés à la fois de manière collective et individuelle, par la parole, le son, l’image et le jeu. Il m’a semblé important de veiller à la bonne compréhension des consignes, d’adopter une écoute active et de déclencher la parole (notamment en réagissant aux dessins de représentation initiale).

 

DÉROULEMENT

Le 8 décembre 2022, j’ai réalisé quatre séances de tests de mes outils auprès de deux classes de CE2, de l’école Avenir à Lingolsheim. Les deux classes étant composées de 24 élèves, les enseignantes ont scindé la classe en deux afin que je me retrouve avec des groupes de 12 enfants. Ainsi, pour mes quatre séances, j’ai conduit mes ateliers sans la présence des enseignantes, dans des salles annexes, accompagnée de deux camarades de classe. Tous deux ont documenté les ateliers en prenant des photos et des enregistrements audios. Une semaine plus tard, le 15 décembre après- midi, j’ai eu l’occasion de tester une nouvelle fois mes outils auprès d’un public plus jeune, deux classes de CP à l’école At Home à Bischheim (que j’avais rencontrées lors de mon immersion le 15 novembre). Chaque classe étant composée d’environ 11 enfants, j’ai cette fois-ci réalisé mes ateliers dans leurs salles de classe avec la présence des enseignantes pour encadrer les élèves. Les deux séances ont chacune duré 1h ; pour la première j’ai bénéficié de l’aide d’un camarade pour la documentation.

 

RÉALISATION PAR LES ENFANTS

 

CONSTATS

Durant les ateliers, j’ai constaté des préjugés que peuvent avoir certains enfants, ce qui fait écho à un élément qui a été relevé par trois des quatre personnes que j’ai interviewées. En effet, quelques-uns m’ont dit que tel ou tel animal (le ragondin principalement) était “moche” et même “dégueulasse” par “ses dents jaunes”. Deux enseignements peuvent être ici relevés:d’une part les enfants classent les animaux selon l’apparence physique (ce qu’ils trouvent beau ou mignon et les autres), d’autre part la transposition de caractères humains sur les animaux (notion d’hygiène par exemple).

Pour conclure, il semble que l’approche par les sens et l’expérience concrète par les enfants sont particulièrement pertinentes. Je n’ai malheureusement pas pu mener d’atelier à l’extérieur, ce qui a empêché un contact direct avec de vrais animaux au sein de leurs milieux de vie. Fort probablement, l’analyse des constats liée aux comportements des enfants s’en trouverait enrichie et affinée. Des outils que s’approprient les enfants sur le terrain dans leurs cours d’écoles et leur quartier (lieux du quotidiens) afin de réaliser un suivi de la faune locale pourraient être envisagés. Mettre l’accent sur les espèces peu connues comme la foulque ou celles victimes de préjugés comme le ragondin semble important.