Mémoire – Le design comme outil de terrain pour les associations de maraude

Le design comme outil de terrain pour les association de maraude

Selon Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre : “Le chiffre actuel est d’environ 300 000 sans-abri”. Le sans-abrisme est devenu un phénomène de masse. En effet, le nombre de sans-abri a doublé depuis la dernière étude officielle réalisée par l’INSEE en 2012, qui recensait 141 500 personnes. Force est de constater aujourd’hui au quotidien que ce phénomène s’est développé dans les villes et notamment dans leurs centres. Ce constat s’accompagne d’un certain nombre d’interrogations : ” Comment se fait-il qu’autant de personnes vivent dans la rue ? Comment ces situations se sont-elles banalisées ? Comment pouvons-nous, en tant que société, accepter les conditions de vie de ces personnes ? Toutes ces questions mènent à la question de recherche : “Le design comme outil de terrain pour les organisations d’aide à la rue”.

Les sans-abri divisent la ville en “zones de couches” qui leur sont propres. Plus que de simples espaces abrités, ce sont de véritables repères qui sont constamment menacés. Entre “travaux récurrents, privatisation des lieux publics, multiplication des agents de sécurité, mobilier anti-SDF, coupures d’eau, sanitaires, la recherche d’un espace d’intimité est fortement compromise”. En réponse à ce problème, certains designers utilisent le hacking urbain comme solution. Michael Rakowitz et ses projets (P)lot : Proposition 1, et paraSITE illustrent les principes de base du hacking urbain dans le but d’aider les sans-abri à trouver un espace intime.

En général, les besoins des sans-abri (et donc le soutien qui leur est offert) sont réduits aux besoins fondamentaux de survie, à savoir la nourriture, l’eau et le sommeil. Ce choix de se concentrer uniquement sur les besoins de survie est absurde. En effet, la réponse à certains besoins (alors considérés comme dispensables) peut être déterminante pour sortir de la rue. C’est le cas du besoin d’estime, relatif à l’estime de soi. Paradoxalement, les structures destinées à aider les sans-abri excluent certains d’entre eux dans leur règlement intérieur ou dans leurs services. Les chiens sont interdits et il est impossible d’obtenir des places pour les couples. Les femmes, quant à elles, s’excluent de ces espaces, car les vestiaires, les abris de nuit et les espaces d’hygiène ne sont pas toujours adaptés à la cohabitation entre hommes et femmes et les produits distribués ne correspondent pas toujours aux besoins spécifiques des femmes.

Cette vie dans la rue, choisie ou non, fait naître de nouveaux besoins auxquels un certain nombre d’associations et de collectivités locales tentent de répondre dans l’intérêt d’une ville plus équitable et solidaire. Ces besoins vont de l’alimentation à l’accès à un système de soins, en passant par la possibilité de faire valoir ses droits ou de gérer ses affaires personnelles. Le concepteur, pour répondre aux besoins émergents, doit travailler horizontalement avec les associations de proximité. Leur rôle d’accompagnement de la vie dans la rue constitue un véritable partenaire indispensable avec lequel travailler dans une démarche de projet. Les problèmes de la rue ne peuvent être résolus sans une collaboration étroite entre les concepteurs et ces acteurs sociaux. Leur connaissance de l’environnement urbain et le lien social qu’ils entretiennent lors de leurs activités de proximité sont indispensables pour ancrer un projet sur le terrain en fonction des besoins de la situation.

 

Le design comme outil de terrain pour les associations de maraude – BÉROUJON Ludovic