Décroi(t)re

Partant du constat que nos modes de vie, en particulier celui du consumérisme, ne sont pas viables face à la crise écologique actuelle, j’ai concentré ma recherche sur les alternatives et les moyens de donner à voir de nouvelles manières de vivre. Les points de vue d’économistes tels que Kate Raworth prônant une économie inclusive, Timothée Parrique, prônant la décroissance, ainsi qu’un expert des communs, David Bollier, sont mis à l’honneur dans cette recherche. L’importance des imaginaires à impact positif et celle de se projeter pour envisager un éventuel changement m’ont conduit à cette problématique :

Comment le design social, par le design critique, peut-il permettre d’envisager d’autres modes de vie que le consumérisme ?

À travers des entretiens sociologiques, des explorations outillées par le design et des cas concrets, cette recherche se propose d’enquêter sur ce qui se joue derrière la crise écologique que nous traversons, non pas comme un défi purement technique, mais comme une véritable mutation anthropologique.

Les explorations outillées par le design m’ont permis de recueillir des points de vue et de déclencher le débat sur la société de consommation. Mais ce que ces explorations m’ont surtout appris est l’importance de mélanger les générations et les milieux afin de confronter des expériences de vie distinctes.

Dans cette crise écologique, le designer a une part considérable de responsabilité tant dans la pollution matérielle qu’informationnelle. Une figure du design alternatif est largement présente dans cette recherche : Victor Papanek, et selon ses mots, le design étant l’outil le plus adapté de nos jours pour façonner notre environnement, peut également permettre de questionner les modes de vie actuels. Pour répondre à ces enjeux, trois postures du designer sont étudiées, celle du faiseur, du coordinateur et du facilitateur.

La posture retenue est celle du facilitateur, un design particulier assume ce rôle : le design fiction, aussi appelé design critique. En agissant sur l’imagination des individus plutôt que sur le monde matériel, le design critique cherche à stimuler la manière dont les gens pensent leur propre vie. Par là, il contribue à maintenir en activité d’autres possibilités, en fournissant un contre-modèle au monde dans lequel nous évoluons et en nous encourageant à voir que nos vies pourraient être différentes.

Il semble donc que l’approche d’une utopie environnementale par un design critique soit pertinente, mais ne pourra l’être que par la participation de l’usager et par la confrontation de différents points de vue. Le design a un rôle à jouer pour libérer les imaginaires et permettre d’envisager de nouveaux modes de vie.

[Décroi(t)re, pdf en ligne]