Concevoir et déconstruire

Après avoir observé les femmes présentes dans les fablabs et les ateliers de créations, j’ai constaté qu’elles étaient largement en sous-effectif par rapport aux hommes. Sont présentes des designeures, des architectes, des artistes, des couturières et des créatrices en tout genre, mais en nombre réduit. Les hommes quant à eux, proviennent principalement de milieux professionnels comme l’informatique, l’ingénierie, le numérique, la technologie, les mathématiques ou encore les sciences. La place des femmes dans les fablabs a donc constitué la question de départ concernant ma recherche-projet. C’est à partir d’entretiens, de lectures et de phases d’immersion dans différents lieux de création que cette question est abordée. Tout au long de ma recherche, j’ai constaté un frein majeur quant au manque d’implication des femmes dans les lieux de conception numérique. C’est en effet en grande partie dû à un problème d’éducation. Depuis longtemps, les normes sociales transmettent l’idée que le bricolage est une activité masculine et non féminines. Les femmes ne se sentent pas légitimes de fréquenter les fablabs car elles ne sont pas représentées dans le milieu de la création numérique. N’ayant pas d’exemples de projets réalisés par des femmes dans les fablabs, elles ne s’y sentent pas à leur place. La majeure partie des formations via lesquelles les étudiants peuvent découvrir les fablabs et makerspaces sont fréquentées par des hommes du fait que les femmes disent se sentir moins intéressées par les domaines de la technologie et de la création numérique. Or pendant longtemps, elles n’ont pas été incitées à s’intéresser à ces domaines d’études. Les générations passant, la tendance s’est accentuée et les hommes sont restés majoritaires dans ces formations. Cela influe donc sur le public qui va s’intéresser aux fablabs.

En étant encore dans l’apprentissage de valeurs et pas définitivement imprégnés de certaines habitudes sociétales et sociales pouvant les freiner dans leurs choix de formations professionnelles plus tard, les enfants sont des cibles pouvant changer la donne en matière de fréquentation des fablabs. En élaborant un projet avec des enfants, mon but est de travailler sur le côté sexué des pratiques. Pourquoi le marteau est associé aux garçons et la machine à coudre aux filles? J’ai donc pour objectif de mettre en place des outils de design avec des enfants dans un fablab pour leur permettre de découvrir ce lieu sans les préjugés que l’on peut y associer plus tard.

 

Mémoire  « concevoir et déconstruire »