Traversée

HOMME DE FER – POTERIES, la ligne D et ses alentours : un espace qui sera notre terrain d’observation pour les prochaines semaines ! Durant toute une journée nous l’explorons, en prenant le tramway, en marchant, en se perdant, en parlant avec les habitants. Nous cherchons à distinguer les différentes zones qui le constituent pour comprendre les caractéristiques de chacune et avoir une vision aussi bien globale que précise du secteur. Voici le découpage que nous percevons :

 

Homme de Fer / Ancienne Synagogue, Les Halles / Gare Centrale  –  Centre-ville de Strasbourg, très dynamique le jour comme la nuit. Flux importants : tram, voitures,  vélos, piétons. Immeubles d’habitation, commerces, institutions culturelles, etc. Passage souterrain sous la gare.

Rotonde  –  Bureaux, entreprises. Parking relais, flux.

Saint-Florent / Ducs d’Alsace  –  Cronenbourg. Quartier résidentiel calme avec une vie de quartier. Nombreuses écoles. Mobilier urbain qui crée du contact. Chantiers, construction de l’éco-quartier de la Brasserie. Parking relais. « La lumière et les couleurs c’est bon pour le moral. » ; « L’éclairage ça sert surtout à se sentir en sécurité le soir. »

Hôpital de Hautepierre / Dante  –  Contraste de densité, plein / vide. Volonté d’aménager le parvis de l’hôpital, lieu accueillant (mobilier urbain, éclairages, végétation). Quartier résidentiel type HLM construit sur un système de mailles.

Paul Eluard  –  Zone d’Activité Commerciale. Chantiers.

Marcel Rudloff / Poteries  –  Terminus de la ligne. Nouveau quartier résidentiel. Ecoles, collège, lycée, commerces de proximité, restauration rapide. Parc des poteries très peu utilisé par les habitants. Impression d’un quartier dortoir. « Un endroit lumineux ? Non pas ici, dans le centre-ville plutôt. » ; « Mon lieu de lumière c’est mon balcon. » ; « Le tram c’est bien, avant c’était compliqué pour aller en ville. » ; « Ce parc on s’en sert pas. Il est sale. »

 

 

A partir de ces observations, notre principal constat est que l’espace sur lequel nous travaillons souffre d’un dynamisme très hétérogène. Le tramway lie des espaces variés (zones résidentielles, commerciales, chantiers, services publics, entreprises, etc) et offre l’opportunité d’un déplacement plus rapide et plus aisé vers ce lieu lumineux et culturel qu’est le coeur de Strasbourg. La gare et son passage en sous-sol marquent véritablement une frontière physique entre hyper-activité permanente et quartiers résidentiels, voire dortoirs. Mais ceux-ci ne sont-ils pas des vitrines, des quartiers standardisés ? Sont-ils vraiment habités: des lieux de vie ou de simples dortoirs ? N’est on pas en exil dans ces quartiers neufs ou encore en chantier ? Ces questions se posent d’autant plus que la ligne D traverse également Cronenbourg et Hautepierre, des quartiers vivants et animés qui s’organisent autour d’une vie de quartier, d’échanges spontanés. A contrario, le nouveau quartier des Poteries parait lui éteint. Il semble impersonnel, artificiel, comme si les habitants avaient été les grands absents de cette transformation urbaine. Certains n’ont d’ailleurs pas une haute estime de ce lieu, qu’ils voient comme un espace mort et dépendant du centre-ville. Mais comment habiter un quartier qui ne vit que dans son lien avec le centre-ville ? Comment tirer parti de l’installation du tramway et des espaces existants mal exploités pour donner un second souffle aux Poteries ? Cette fin de ligne ne recevra-t-elle jamais que les derniers élans du dynamisme du centre de Strasbourg, ou sera-t-elle éclairée par une nouvelle âme ?

ISATIS — Juliette, Suzanne, Pétronille