Ô Sources

Cyril, Pauline, Hannah et Lucie vous invitent à découvrir leur rituel Ô sources inspiré du module Sorcières et Chamans.

Ô sources est un rituel de commémoration partagée pour ressouder les liens de la communauté. Il a pour vocation de réunir les habitant·es de Goersdorf au travers d’une procession le long de ses fontaines. Toutes ont une pensée dédiée aux oublié·es : Vitalité, Pardon, Paix, Amour/Amitié et Espoir. En allant de l’église au cimetière, chacun·e vient puiser de l’eau dans les sources qui résonnent avec iel pour les offrir aux tombes oubliées par une libation, en déversant l’eau chargée de toute une symbolique sur le sol.

Ce rituel nous rappelle que nous faisons partie d’une communauté qui prend soin de chacun et chacune. Tout le monde est membre du village, vivant·e ou enterré·e, il n’y a plus d’oublié·e.

 

Les artefacts

Les 10 passeurs de pensées

Chaque participant·e du rituel est muni·e d’un passeur lui permettant de puiser l’eau des sources.

 

Le plan

Plan permettant de visualiser l’itinéraire prévu ainsi que les différentes sources à rencontrer. 

 

 

Les structures fleuries

Chaque source est ornée d’une structure fleurie reflétant idéalement la pensée qu’elle véhicule, tant par la forme que par le langage des plantes. Ainsi, par la capillarité des cordes de chaque structure, la plante est abreuvée au même titre qu’elle infuse l’eau de sa pensée.

 

Le vase de la Vitalité

Garni de serpolet, une plante symbole d’énergie vitale et de sacrifice.

 

 

La passerelle de la Paix 

Verveine, symbole de paix et d’abondance.

 

Les pots du Pardon

Lavande,symbole de pureté et de sérénité.

Ou La tulipe blanche, symbole de pardon.

 

La colonne de l’Amour et de l’Amitié

Immortelle, symbole d’éternité et d’amour sans fin.

 

 

La balance de l’Espoir

Hortensia verdissant, trèfle, symbole d’espoir.

 

La vasque de l’Union et les 10 coupelles de la Libation

Vasque fleurie par les fleurs jetées à l’entrée du cimetière. Cette vasque recueille les eaux et pensées de tous et toutes, symbolisant l’union du village. Les coupelles de verre permettent de puiser l’Eau de l’Union pour offrir une libation à un ou une oubliée.

Comment ça marche ?

Devant l’église, le ou la guide déclame l’Ôde aux oubliés. Iel présente ensuite le rituel aux participant·e·s. La procession se dirige jusqu’à la première source, Vitalité, où chacun se munit d’un passeur de pensées. Le ou la guide énonce la pensée de la source et puise de l’eau, invitant les participant·e·s. à l’imiter si la pensée de Vitalité résonne avec iels. Une fois que tous et toutes ont rempli leur passeur, la procession rejoint la source suivante, où le même cérémonial s’opère et cela jusqu’à la cinquième et dernière source, Espoir.

Le ou la guide ouvre enfin la marche jusqu’à l’entrée du cimetière où iel déclame le poème Ô Sources.

« Ô Sources
Ce rituel, c’est pour nos défunts
Ô Sources, je me fie à mon cœur pour que plus rien n’ait de fin.
Un chemin pour nous unir et la terre boira nos souvenirs.
Juste quelques pas encore, jusqu’au cimetière et sa vasque libatoire
Car c’est en prenant soin de nos morts que l’on ravive leur mémoire. »

Suite à cela, la procession entre dans le cimetière et se dirige devant la Vasque de l’Union. Les participant·e·s. versent leur eau dans la Vasque, réunissant les pensées de chacun. Le ou la guide plonge sa main dans l’Eau de l’Union et fait trois tours dans le sens anti-horaire pour désamorcer les pensées négatives, puis trois tours dans le sens horaire pour amorcer les pensées que l’on veut offrir. Un instant de silence commémoratif est observé. Chaque membre de la procession se saisit d’une Coupelle de la Libation qu’iel remplit d’Eau. Iels vont chacun et chacune sur une tombe oubliée, où iels versent leur eau en offrande en énonçant haut et clair: “Nos pensées vous accompagnent.” Le ou la guide remercie la procession, qui se dissout au rythme de chacun·e selon son besoin de poursuivre ou non le recueillement.

La construction

Pour mettre en application la conception des artefacts floraux et leur portée symbolique, nous avons dû nous adapter aux différentes tailles de pots, ainsi que des fontaines existantes. Construits, avec un assortiment de cordes et de bois, nous avons aussi dû aller récupérer du bois tombé en forêt, afin de conserver un style authentique et artisanal propre aux artefacts. Après diverses recherches et expérimentations, les modules ont dû évoluer afin de s’adapter aux lieux choisis. (structure autoportée, à poser, ou à fixer).

Les artefacts sont ornés de fleurs, qui s’abreuvent de l’eau disponible dans les sources. Leur présence nécessaire apporte une portée symbolique, puisque la plante est abreuvée au même titre qu’elle infuse l’eau de sa pensée.

Pour proposer des artefacts fleuris, faute d’avoir les plantes initialement choisies, nous avons dû nous rabattre sur des plantes locales afin de proposer des modules décorés pour cette semaine d’expérimentation. Le principe d’irrigation des pots n’était pas idéal même après de nombreux tests. Il aurait fallu confectionner des cordes nous mêmes en modifiant la composition de la mèche et ajouter un matériau plus absorbant afin d’en améliorer la capillarité, de plus, les pots nécessitent des trous supplémentaires pour évacuer l’eau en cas d’intempéries. 

Chaque structure dispose d’une petite plaque de verre peinte, portant un symbole, fixée sur la fontaine. Cependant nous aurions sûrement dû les intégrer à même le module et les prendre en considération dès la conception.

Réflexions et développement

Pour réunifier les habitant·es et créer de la solidarité, nous avions comme point de départ l’idée de faire un jardin de commémoration joyeuse et vivante au presbytère.

Au fil de la mise en place, le projet à su évoluer. Imaginé par la suite comme un jardin mémoriel dans le cimetière, mettant des fleurs et des outils de jardinage à disposition pour fleurir collectivement les pierres tombales oubliées. 

Après concertation avec le Maire du village, il est apparu que ce projet était trop intrusif.  Nous avons donc dû renoncer à trop investir le cimetière.

Le thème Sorcière et Chamans étant en effet trop sensible pour s’inscrire si profondément dans un lieu sacré, nous avons préféré recentrer le projet autour de l’eau et des fontaines du village, donnant lieu au rituel de procession libatoire Ô Sources.

 

Ressentis et réalités du village

Au vu du discours présentant le projet avant d’aller à Goersdorf, nous nous attendions à une population active au sein du village et désireuse d’y voir naître des initiatives.

Cependant, en arrivant à Goersdorf, c’est un village fantôme que nous avons rencontré. Pas un chat dans les rues, sauf quelques personnes âgées de-ci de-là une fois par heure. Excepté aux heures de sorties d’école, où soudainement le village s’anime et une population plus jeune apparaît, pour disparaître tout aussi vite. Où sont-iels le reste du temps ? Nul ne le sait.

Notre solennelle  procession fédératrice, destinée aux villageois·es, n’a donc finalement pas trouvé écho dans la population, qui n’est pas venue participer à nos rituels le vendredi. Le rituel s’est donc déroulé uniquement avec les personnes extérieures au village, nous laissons seul·es face à nos appréciations.

Cependant, le rituel fût puissant et enrichissant pour chacun.e de nous. Très fort symboliquement, il a fait émerger des émotions fortes qui nous ont rassemblé·es lors d’un mouvement solidaire.