Triolet | Investigations

La phase d’enquête bat son plein. C’est le moment de donner un sens à l’appellation « in situ lab ». Armés de nos questionnaires et de nos divertissements expérimentaux inspirés des jeux de société de notre enfance, nous abordons des usagers de la médiathèque Malraux. Outre le fait qu’ils nous prennent pour des fous, ils se prêtent au jeu. À la question « Quelles expériences d’écoutes de la musique dans le service musique & cinéma ? », notre premier cheminement d’investigations s’oriente vers le lieu en lui-même. En effet, l’expérience sonore commence par une appréhension de l’environnement. Dès lors, où écouteriez-vous de la musique rythmée ? Quel serait le lieu pour visionner un film ? C’est à ce moment que l’on se rend compte que l’écoute au sein de la médiathèque amène à une question sociale car seuls les gens recherchant la présence humaine se complaisent dans ce type d’expérience sonore.

Une fois les résultats de cette première enquête définis, nous nous concentrons sur l’expérience sonore comme façon de « déguster » l’écoute. Nous avons dès lors voulu tester la double action de l’usager ayant à la fois l’esprit occupé par une écoute musicale et ayant à la fois la liberté de prendre possession d’un espace défini. Honnêtement, c’est assez angoissant dans les débuts d’aborder les passants en leur donnant une consigne relativement abstraite. On a peur de déranger, d’être mal venu… Mais le design social c’est finalement arrêter d’être individualiste autant dans sa façon de penser que de travailler. Parfois intrigués, ou parfois excités, les usagers au rythme d’une gamme de sonorités radicalement différentes on réagit de façon unique à chaque fois. Certains se sont orientés vers la création d’œuvres d’art par le dessin, la sculpture, tandis que d’autres ont graduellement modifié leur posture d’assise, ou ont réagit au rythme sonore des musiques en pianotant ou détournant la pâte-à-modeler comme balle anti-stress. Surpris de cette utilisation alternative de ce matériaux, nous nous questionnons sur la relation entre le relief musical et le relief palpable et concret de la réalité. Incorporer une double activité à l’expérience sonore permet-il une autre consommation de la musique ? Une meilleur interactivité ? La tête pleine de questions, nous continuons d’explorer toute l’entité qu’incarne « l’expérience d’écoute »… Est-il possible d’écouter la musique autrement que par le casque ? Peut-on amener l’écoute collective au sein d’une médiathèque ?

Suite au prochain épisode…