Investigations et nuages menaçants

Mercredi 16, le ciel est indécis, la pluie nous menace, notre outil brise-glace pourrait être totalement détruit, noyé sous les trombes d’eau, condamné à être reconstruit. Mais malgré tout nous prenons notre courage à deux mains, notre gros outil sous le bras, et nous nous lançons courageusement sur la ligne B.

Notre objectif, qui était de connaître le taux d’implication des habitants pour les lieux culturels qui les entourent, ne pouvait être atteint qu’en opposant les réponses de deux lieux que nous pensions différents. Nous avons alors décidé de mener notre investigation d’abord au centre ville d’Ostwald puis autour du Musée d’art contemporain.

Dès notre première escale, le peu de témoignages que nous avons récolté a été assez claire et uniforme. « Nous ne nous sentons pas concernés par les lieux culturels » a été la phrase que nous avons peut-être le plus entendu. Certains disent que le temps leur manque, d’autres la motivation… Ali, le gérant du fast-food Snack d’Ostwald, a même l’intuition qu’aujourd’hui, la culture ne se trouve plus autour de lui, mais sur internet, ou encore dans son commerce, où les jeunes d’Ostwald se retrouvent. Et ce désintérêt a été visible sur notre plateau de jeu: les ostwaldois que nous avons interrogés ne connaissaient en général pas les lieux culturels qui les entouraient. Seuls le Point d’eau et le Zénith ont été correctement placés, l’un pour sa proximité, l’autre pour sa renommée. C’était peut-être les nuages d’aujourd’hui qui freinaient la lumière de la culture sur Ostwald…

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Au musée d’Art contemporain, les strasbourgeois connaissaient aussi les lieux culturels selon leur proximité. La plupart savaient par exemple où placer la Laiterie ou le théâtre national de Strasbourg, mais les lieux plus excentrés leur étaient inconnus. On remarque cependant que L’Illiade à Illkirch connait une renommée certaine chez les habitants de Strasbourg, et que le Zénith reste définitivement le grand gagnant de notre journée, c’est le lieu culturel le plus connu à Strasbourg et dans son agglomération. Mais nos joueurs, même en connaissant ces lieux, ne les fréquentaient pas pour autant. Les Ruffboys, une bande d’hommes passant du temps sur un banc devant l’Ill, estimaient ne pas avoir assez de temps ni d’argent, et un autre passant nous a révélé qu’il trouvait sa culture dans les bibliothèques plus que dans des lieux musicaux et scéniques. À la fin de notre journée, nous n’avons au final pas pu élire d’heureux gagnants, et décerner le cadeau que nous avons gardés au fond de notre sac.

Mais ce n’est pas ce manque qui a rendu notre journée improductive. Au contraire. Elle est la source d’une multitude d’observations qui, développées, seront utiles à l’élaboration futur projet. Les habitants sont-ils contentés par ce qui les entourent ? La culture institutionnelle est-elle forcément la seule solution ? D’ailleurs, la solution à quoi ? Doit-on imposer la culture ? Est-ce que l’idée de la culture salvatrice est véridique ? Trop de question pour un si petit article.

Mais au delà de tout ce questionnement, c’est surtout l’efficacité d’un outil brise-glace pour aborder les gens qui nous a frappé. Lorsqu’on aborde les gens en leur proposant de répondre à une enquête, ils sont méfiants et font diversion. Alors que quand on leur propose de jouer à un jeu, leur modestie a du mal à cacher un sourire d’enfant curieux et hyperactif. Même ceux que nous n’avions pas interrogés étaient intrigués et cherchaient à en savoir plus à propos de cette carte étrange. Pourquoi ne retrouve-t’on pas sur leur visage ce même intérêt lorsqu’on leur parle de culture ? Voici une énième question sur laquelle plancher dans le tram du retour.

Nous n’avons pas rencontrés assez d’autochtones ! Il ne faut pas se contenter de si peu de témoignages ! Nous ne manquerons pas de retourner sur les lieux car cet exercice qui consiste à aller rencontrer les gens sur le terrain est très stimulant. Y a-t’il une autre formation sur terre qui incite à aller jouer avec les gens ?

 

Agathe, Ibrahim, Thomas