Déambulations sensibles du 3 novembre

La promenade sensible m’a apporté une réflexion sur le rapport au corps. En effet, évoluer dans un espace en supprimant un sens, permet au corps de se recentrer sur soi-même. Mais, l’esprit réagit aussi aux perturbations environnantes. J’ai le souvenir d’avoir été réactif aux différents bruits qui ont accompagné ma visite. J’ai été plus attentif à ce qui se passait autour de moi. J’ai eu l’impression d’avoir des capteurs autour de ma tête qui recevaient tous les sons des alentours. Le frottement des cailloux sur lesquels je marchais, les sifflements des roues de vélos, le moteur des voitures que j’ai eu l’impression de percuter lorsqu’elles passaient à mes côtés, les vagues de l’eau qui cognaient le mur… J’ai ressenti également à travers mes paupières les lumières. Celles-ci m’ont procuré une sensation d’oppression lorsque nous étions entre les bâtiments. Je sentais la lumière s’atténuer et avais la sensation qu’un plafond était suspendu au-dessus de ma tête. Il y a eu aussi le noir, qui recouvrait mes yeux lorsque nous nous sommes arrêtés sous un pont. Puis, la lumière totale avec le soleil qui se plaquait sur mon visage. J’ai bien saisi ce contraste entre l’obscurité et la lumière. J’ai ressenti des séquences selon notre évolution dans l’espace, comme si nous changions d’ambiances. J’ai apprécié les textures des murs par le biais d’autres sens. L’effleurement des pierres me laissait imaginer la froideur de celles-ci. Lorsque j’ai appréhendé ces éléments les yeux fermés, je les ai appréciés davantage. J’ai remarqué que je n’avais pas besoin de voir ces choses car mon imagination me satisfaisait. J’ai également été séduit par les différentes sensations que les sens procurent; le toucher apporte autre chose que l’ouïe et la vue. A un moment, je me suis rendu compte que mon esprit s’évadait car je réfléchissais à d’autres choses; j’étais donc plus en confiance. J’ai aussi ressenti le vent qui, lorsque nous étions entre les immeubles, me caressait le nez mais qui, arrivé au bord de l’eau, devenait plus froid et plus constant.