Teaser de projet

Silence(s)

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Je n’oublie pas mes séjours à Ia mer en Turquie, remplis d’émotions. Lorsque je me retrouve face à elle, je suis envahi de sensations particulières ; la détente, l’excitation, la mélancolie, la paix. La question des sensations est essentielle pour moi dans un lieu. Ces moments vécus permettent d’ancrer des souvenirs. C’est un moment de détente imposé, d’échappatoire. La vue que m’offre ce paysage me permet de laisser échapper mon esprit. Le vent qui souffle me donne des frisons et l’odeur de la mer me réchauffe. Je regarde la ville de loin et imagine l’excitation qui y règne. Mais à cet instant, c’est le calme qui est présent autour de moi. Le silence me fait réfléchir. Je contemple ce qui s’offre à moi. Mes oreilles ne m’envoient plus de sons. Je suis comme déconnecté. L’odeur de la mer, de la verdure, de la nourriture procure des sensations qui mettent mon corps et mon esprit dans une disposition agréable.

Pour mon projet d’étude, je me consacre aux environnements architecturaux qui nous entourent par les ambiances et les atmosphères qui composent un lieu. Mon objectif est de transmettre des émotions et des sensations aux usagers de cet espace. Je souhaite travailler la question d’exception (luxe, singularité) et la façon de lui donner accès.
 Je me focalise sur le bien-être psychique et corporel que j’entrevoie comme une forme d’exception, que d’autres pointent comme des résistances, dans les sociétés contemporaines. Afin de faire émerger cet espace émotionnel, je concevrai un hammam en réfléchissant aux matériaux qui constitueront ce lieu.

Je questionnerai les composants des bains turcs ainsi que ses origines, la culture des bains en Alsace. La confrontation du corps aux matériaux me permettra de comprendre comment le corps est affecté par une matière.

 

La promenade sensible m’a apporté une réflexion sur le rapport au corps. En effet, évoluer dans un espace en supprimant un sens, permet au corps de se recentrer sur soi-même. Mais, l’esprit réagit aussi aux perturbations environnantes. J’ai le souvenir d’avoir été réactif aux différents bruits qui ont accompagné ma visite. J’ai été plus attentif à ce qui se passait autour de moi. J’ai eu l’impression d’avoir des capteurs autour de ma tête qui recevaient tous les sons des alentours. Le frottement des cailloux sur lesquels je marchais, les sifflements des roues de vélos, le moteur des voitures que j’ai eu l’impression de percuter lorsqu’elles passaient à mes côtés, les vagues de l’eau qui cognaient le mur… J’ai ressenti également à travers mes paupières les lumières. Celles-ci m’ont procuré une sensation d’oppression lorsque nous étions entre les bâtiments. Je sentais la lumière s’atténuer et avais la sensation qu’un plafond était suspendu au-dessus de ma tête. Il y a eu aussi le noir, qui recouvrait mes yeux lorsque nous nous sommes arrêtés sous un pont. Puis, la lumière totale avec le soleil qui se plaquait sur mon visage. J’ai bien saisi ce contraste entre l’obscurité et la lumière. J’ai ressenti des séquences selon notre évolution dans l’espace, comme si nous changions d’ambiances. J’ai apprécié les textures des murs par le biais d’autres sens. L’effleurement des pierres me laissait imaginer la froideur de celles-ci. Lorsque j’ai appréhendé ces éléments les yeux fermés, je les ai appréciés davantage. J’ai remarqué que je n’avais pas besoin de voir ces choses car mon imagination me satisfaisait. J’ai également été séduit par les différentes sensations que les sens procurent; le toucher apporte autre chose que l’ouïe et la vue. A un moment, je me suis rendu compte que mon esprit s’évadait car je réfléchissais à d’autres choses; j’étais donc plus en confiance. J’ai aussi ressenti le vent qui, lorsque nous étions entre les immeubles, me caressait le nez mais qui, arrivé au bord de l’eau, devenait plus froid et plus constant.

Une semaine intense en terme de production vient de s’écouler. Les ateliers ont permis de produire un maximum d’échantillons. Ceux-ci ont été composés à partir de plâtre, de mortier, d’argile, mélangés avec les différentes matières que nous avons récoltées lors de la promenade sensible du premier jour. Ainsi, la matière est devenue matériau. Les textures procurent des sensations ainsi que des émotions. Elles transmettent une histoire, celle qui a été vécue lors de la balade; l’oppression, la froideur, la lumière, la douceur, la crainte…Toutes ces impressions ressenties pendant l’expérience.

La première partie de la semaine a été consacrée à l’exploration plastique à travers ces matières. Il y a eu également un moment d’expérimentation sur toile avec de l’argile. Cette matière qui, en venant se confronter sur la toile, exprime quelque chose; le souvenir du paysage, d’un son, d’un sentiment.  La second partie a été réservée au dessin sur place. Un dessin du paysage, réalisé à l’aveugle. Ainsi, en supprimant un sens, les mains s’expriment avec les sons et les souvenirs du lieu. Les toiles communiquent alors une oeuvre pleine d’expressivité.

Etat des lieux

Le vendredi 13 janvier, s’est organisé un état des lieux concernant l’avancement des projets. Une journée de bilan à mi-parcours qui permet de faire comprendre nos intentions. Les expérimentations, les croquis, les maquettes d’études se sont étalés et un échange avec les professeurs de ma spécialité a été effectué.